La politique est une chose trop sérieuse pour la laisser aux journalistes. Surtout lorsqu’ils ne sont que des accusateurs publics.
Depuis le début de ce que les historiens appelleront un jour l’épopée zémmourienne, je remercie Dieu tous les matins de ne pas m’avoir fait journaliste. Non pas parce que je les hais mais parce que je les plains.
Pitié et compassion
Au meeting de Villepinte, du haut de mes 2,20 m quand je suis debout sur une chaise, je les ai observés du coin de l’œil en agitant mon drapeau et en scandant « Zé-mmour pré-si-dent ! ». Je les ai vus avec pitié et compassion, tenus par leur fonction à un devoir de réserve, cloués au sol comme des ballons attachés au piquet de leur profession, empêchés de participer au transport collectif qui emportait les autres, incapables de s’élever avec la foule des cœurs simples, imperméables par nature ou par culture à la grandeur du discours, observateurs à l’abri de toute adhésion, quand nous autres militants ou sympathisants pouvions sourire de bonheur, verser les larmes de l’espérance, et vibrer du sentiment partagé que, par le serment de Villepinte, serment par lequel Zemmour s’engageait à ne pas trahir, pendant qu’ils prenaient des notes, nous entrions dans l’Histoire.
Bêtises et crapuleries
Depuis ce jour, je les retrouve fidèles à eux-mêmes face à Zemmour, tenus par cette pitoyable distance critique qui les oblige à chercher la petite bête, à faire la fine bouche et, quoi qu’il dise, à trouver à redire. On me dira qu’il en faut, comme des avocats pour Salah Abdeslam, et qu’il faut bien que tout le monde vive. Peut-être mais comme le disait le général de Gaulle, je n’en vois pas l’utilité.
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Ils accumulent les bêtises et les crapuleries, comme Caroline Roux : « Monsieur Zemmour, vous voulez rebaptiser le ministère de l’Éducation nationale ministère de l’Instruction publique, la dernière fois que ça s’est fait, c’était en 1940 », sous-entendu sous Vichy alors que le terme était celui de la IIIe République et de ses hussards noirs ; ou comme Thomas Legrand : « Zemmour veut désincarcérer un courant rejeté par tout le spectre politique et réhabiliter une extrême droite qui s’est vautrée dans la collaboration », alors que la gauche pacifiste et munichoise a tout autant collaboré ; ou comme Dany Cohn-Bendit : « Même Hitler a reculé quand il s’en est pris aux handicapés et qu’il a senti une résistance au sein de la société allemande », alors que Zemmour ne prévoit pas leur inclusion dans des camps mais leur sortie d’une école inadaptée à leurs besoins ; ou encore comme notre ami Jean-Paul Brighelli, pas journaliste, mais pinailleur pour l’occasion – « il faudrait préciser quel français on veut apprendre aux enfants (celui du Grand Siècle ? », alors que le projet du candidat est juste de leur apprendre le français du sujet orthographié, du verbe conjugué et du complément accordé.
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Les exemples de ceux qui cherchent désespérément à se distinguer dans des oppositions feintes ou malhonnêtes sont trop nombreux pour être exposés ici. Au lieu de se ridiculiser en la ramenant à tout propos, ils feraient mieux de prendre des congés le temps de la campagne pour apprendre à reconnaître un homme honnête et courageux quand ils en voient un, comme en 1940. Alors, mesdames et messieurs les enculeurs de mouche, dans l’intérêt supérieur de la nation, jusqu’en avril, de grâce, fermez-la !