D’ici à quelques mois, les Belges et les étrangers résidant en Belgique se rendront aux urnes afin d’élire leurs conseillers communaux. Cette élection préfigure celle, très attendue, de 2019, qui verra le renouvellement des gouvernements régionaux et fédéral.
Les postures de bouledogue s’érodent
Comme dans toute l’Europe de l’Ouest, les partis traditionnels sont à bout de souffle et peinent à se situer sur un échiquier politique bouleversé où les clivages anciens ne signifient plus grand-chose, à force de coalition et de pensée unique, de libéralisme social et de « vivre-ensemble ». Les enjeux sont pourtant de taille, le paquebot Europe prend l’eau de toute part, les populations sécularisées se cherchent de nouveaux dieux, l’ère post-industrielle a profondément modifié le rapport au travail, les étendards de l’islam bourgeonnent à chaque coin de rue, les familles se délitent et le savoir s’empoussière.
C’est sur ce terrain marécageux que prolifèrent des partis nouveaux ou autrefois insignifiants. Et si la Belgique n’échappe pas à la règle, elle y ajoute un particularisme folklorique : le clivage flamands-francophones qui, jusqu’il y a peu, figeait chacun dans une posture de bouledogue de part et d’autre d’une très artificielle frontière linguistique. Toutefois, depuis les dernières élections, ces tensions communautaires s’étaient largement apaisées. C’est même une chose assez paradoxale car c’est justement suite à ces élections que, pour la première fois, et par la grâce d’un Premier ministre francophone – Charles Michel, centre-droit – la N-VA, fer de lance du flamingantisme combattant, populaire en Flandre mais négligeable au plan national, entrait au gouvernement fédéral.
Un croquemitaine secrétaire d’Etat aux migrations
Depuis, plus la moindre échauffourée linguistique, au grand désespoir d’Olivier Maingain, Président du FDF, le parti défenseur des francophones de Bruxelles, rebaptisé DéFi afin de courtiser l’électeur wallon nullement menacé dans l’emploi du français. Cette alliance avec la N-VA devait d’ailleurs en faire blêmir d’autres, à commencer par les partis de gauche (PS), de centre-gauche (CDH) et d’extrême gauche (PTB). Car la N-VA est réputée d’extrême droite et les heures les plus sombres de notre histoire n’allaient sans doute pas tarder à résonner dans nos villes et nos campagnes. Pire encore, la N-VA envoya au gouvernement Théo Francken, croquemitaine sanglant, mélange effrayant d’Hitler et d’Attila, raciste invétéré et dévoreur de chatons. Armés de leur compte Twitter, les militants des partis traditionnels, sentant bouillonner en eux le sang glorieux de Jean Moulin, étaient bien décidés à ne pas se laisser faire. D’autant plus que le facétieux gouvernement de Charles Michel assigna à Théo Francken un portefeuille où il pourrait déployer ses talents : le secrétariat d’Etat à l’Asile et aux Migrations. Tout était en place pour une guerre opposant les Justes à la bête immonde.
Mais non. Dans le respect tant des lois que des droits de l’homme, Théo Francken installa une politique de retour des migrants illégaux délinquants, ferraillant avec succès contre le MRAX, la Ligue des Droits de l’Homme et autres Amnesty International. Et cela eut l’heur de plaire à la population, en ce compris la population francophone, pourtant régulièrement qualifiée par la N-VA de feignasse et de parasite. A telle enseigne qu’à Bruxelles, lieu des tensions linguistiques où les francophones, très largement majoritaires (90%), doivent sans cesse laisser la préséance au flamand, la N-VA, qui y fut toujours reléguée dans l’opposition, devrait prochainement y conquérir nombre de sièges. Et cela par la grâce du vote des francophones, ces derniers se sentant plus menacés par les amis de Salah Abdeslam que par ceux de Bart De Wever, le Président de la N-VA.
Des maos à la sauce wallonne
Mais la N-VA n’est pas le seul parti que l’effondrement des clivages politiques obsolètes propulse au pouvoir. A l’autre bout de l’échiquier politique, le PTB, marxiste pur jus, reprend des couleurs, et son Président, Raoul Hedebouw, est devenu l’invité chronique des émissions politiques. Son « petit livre rouge », prenant pour exemple incontournable la Russie de Staline et la Chine de Mao, a pourtant de quoi glacer le sang. Peu importe, le PS en pleine déroute et rejeté dans l’opposition, ce qui n’est ni dans ses habitudes, ni dans son ADN, s’acoquinerait volontiers avec lui, drainant dans son sillage Ecolo, CDH et DéFi qui n’y verraient que des oppositions cosmétiques. Autrefois bouée de secours pour les grands partis cherchant un appoint afin de créer une coalition, l’extrême gauche marxiste pourrait devenir en Wallonie la clé de voûte du gouvernement en 2019.
Toujours du côté francophone, le PP, Parti Populaire, libéral et conservateur, avait un temps séduit une partie de l’électorat, lassée de l’hégémonie socialiste et déçue des contorsions du MR qui semblait, jusqu’il y a peu, répugner à s’affirmer de droite. Las ! Ce petit parti vola rapidement en éclats, ses membres les plus brillants claquant la porte les uns après les autres et formant chacun son groupuscule.
Deux partis coraniques, une charia
Le parti Islam, dont le programme n’est autre qu’un copier-coller de la charia, fort de deux élus à Molenbeek, présente des candidats dans d’autres « territoires perdus », tels Verviers, Dison,… où il sera concurrencé par un autre parti coranique, le MPE. La question n’est plus de savoir s’il y aura des représentants de la vaste communauté musulmane dans les assemblées, mais plutôt dans quel compartiments des bus devront prendre place les transgenres. C’est dans cette configuration que se présentera devant l’isoloir l’électeur belge. Car il se présentera, en Belgique, le vote est obligatoire.
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