La division de la Belgique fait parler d’elle épisodiquement, d’autant que le pays est sans gouvernement depuis plus d’un an. Vu depuis l’autre côté du Quiévrain, elle est souvent tournée en dérision, à la façon d’une de ces histoires drôles courantes sur les ressortissants du plat pays. Pourtant, elle est le fruit de l’histoire méconnue de ce pays, situé sur plusieurs lignes de fracture du continent européen.
La Belgique est un État né sur le tard. S’il existe bien une Gaule Belgique à l’époque romaine, qui recouvre plus ou moins le territoire que nous connaissons, elle s’étend aussi au-delà pour couvrir les rives de la Seine et les Vosges, voire le Jura pour la province éponyme créée par l’Empire. Par ailleurs, il s’agit d’un ensemble de tribus dont l’organisation n’a pas grand-chose à voir avec un État. À la suite des invasions barbares, le territoire belge sera conquis par les Francs, et après les différents soubresauts des dynasties mérovingiennes et carolingiennes, finira divisé entre le Royaume de France et le Saint-Empire germanique lors du tournant de l’an mil.
Une naissance qui repose sur l’identité catholique
C’est la réforme protestante qui va causer l’apparition de la Belgique. En effet, à la Renaissance Luxembourg, Belgique et Pays-Bas forment une seule entité dénommée Pays-Bas espagnols. Mais à la suite du développement du protestantisme dans la partie septentrionale, celle-ci fait sécession et déclare son indépendance en 1581 sous le nom de Provinces-Unies. Désormais, le territoire belge a une réalité propre : celle d’un territoire sous le contrôle des Habsbourg (d’Espagne puis d’Autriche) et catholique de ce fait.
Toutefois, il faut attendre le XIXe siècle pour voir cette entité devenir un véritable État. Après une brève conquête par la France révolutionnaire puis napoléonienne, elle se voit rattachée d’autorité aux Provinces-Unies lors du congrès de Vienne en 1815. Mais supportant mal la tutelle des Hollandais calvinistes, la Belgique connaît en 1830 une révolution qui conduit à son indépendance.
Une domination francophone pendant le XIXe siècle
À sa naissance, la Belgique est un pays dominé par la francophonie, bien que les néerlandophones soient plus nombreux. En effet, grâce à l’industrialisation, la Wallonie est prospère économiquement, tandis que la Flandre est pauvre, et d’ailleurs terre d’émigration. Ainsi, le français est la langue des gouvernants de Bruxelles et cette domination se retrouve lorsque le pays s’aventure au Congo, où la langue de Molière devient langue de la colonisation tandis que le néerlandais n’y est diffusé que de façon marginale.
Pendant la guerre de 14-18, le pays est envahi par l’Empire allemand et le gouvernement se réfugie à Sainte-Adresse, à côté du Havre. À l’issue de celle-ci, la Belgique gagne un peu de territoire avec Eupen, Malmedy et Saint-Vith, mais aussi une communauté germanophone qui s’ajoute à l’édifice linguistique.
Cependant, durant le 20e siècle, le rapport de force entre Flamands et Wallons évolue. La natalité a chuté dès 1870 chez les francophones, et la population flamande voit son poids démographique s’accroître dans le pays.
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