Chez nos voisins belges, bien-pensance et hypocrisie politique ont ouvert un boulevard au port du voile dans l’espace public. Il est de plus en plus répandu dans les administrations et même dans les écoles. Normal: personne ne veut l’interdire.
En l’absence de tout débat politique, le port du voile progresse inexorablement en Belgique, dans la rue comme au sein des institutions publiques.
En 2004, dans la foulée de la loi française interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école, je déposais en tant que sénateur libéral, avec une collègue socialiste, une résolution similaire, la première initiative politique belge visant à contrôler les incidents qui se multipliaient dans les écoles comme en France. Le texte n’aboutit pas, faute de majorité pour le soutenir.
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La laïcité? On abandonne!
Depuis, le voile n’a cessé de se répandre. À Bruxelles, le « grand remplacement » est bien avancé. La population belge d’origine belge ne constitue plus qu’un quart de la population totale ! Les chiffres de l’immigration, les noms de famille, le choix de la religion à l’école, les prénoms donnés à la naissance – Mohamed arrivant systématiquement en tête depuis des années – permettent de conclure que plusieurs des 19 communes, celles à la plus forte croissance démographique, qui constituent la Région de Bruxelles-Capitale sont déjà à majorité musulmane. Sauf inversion de la tendance dont on ne voit aucune raison pour qu’elle intervienne, la capitale de l’Europe deviendra au cours des vingt ou trente prochaines années une ville à majorité musulmane, un symbole fort de la disparition lente et progressive de la civilisation européenne au cœur de l’Europe.
« La démographie, c’est le destin », dit souvent Éric Zemmour. L’évolution démographique entraîne un bouleversement culturel. Le quartier européen et ceux où vivent les eurocrates ainsi que la ségrégation territoriale de la ville permettent encore à ces derniers d’ignorer cette évolution. Ils ne vont jamais le jeudi matin sur le marché de Molenbeek qui ressemble désormais davantage à un marché africain ou maghrébin qu’à celui d’une ville française ou belge d’avant. Le voile y est très majoritaire chez les musulmanes, dont beaucoup disent le mettre « pour avoir la paix ».
À l’exception du Mouvement réformateur (MR), exclu depuis plus d’une décennie de la gestion de la région bruxelloise et minoritaire au niveau fédéral, au sein d’une coalition avec les socialistes et les écologistes, les partis ont abandonné le combat pour la défense de la laïcité, voire celui de la simple neutralité du service public. La Belgique étant une fédération, l’État central n’est pas compétent pour restreindre le port du voile, sauf dans les services publics de l’État. Même s’il le voulait (et il ne le veut pas), le gouvernement fédéral ne pourrait pas imposer une loi générale.
Dans les écoles, les pouvoirs organisateurs, qui sont en Belgique largement décentralisés, sont libres d’autoriser ou non le voile. Certaines communes résistent courageusement entraînant, paradoxalement, l’inscription d’élèves musulmanes dans les écoles catholiques où il est parfois plus toléré. Des écoles musulmanes apparaissent, financées par l’État, conformément au « Pacte scolaire » conclu en 1958 pour mettre un terme à la « guerre scolaire » entre réseau libre (catholique) et réseau officiel (public). Ainsi à l’école islamique Al Ghazali, située à 800 mètres du siège de la Commission européenne, toutes les petites filles sont voilées dès l’âge de cinq ou six ans. Dans l’enseignement officiel bruxellois où les parents peuvent choisir entre six religions et la « morale laïque » pour un cours obligatoire de deux heures pendant douze ans de scolarité, la religion musulmane est désormais suivie par une majorité d’enfants et d’adolescents. L’État finance ainsi directement une religion qui ignore la séparation entre le temporel et le spirituel et dont Éric Zemmour estime qu’elle est incompatible avec les valeurs de la société européenne. Au début de cette année, l’organisation qui chapeaute l’enseignement officiel francophone en Wallonie et à Bruxelles a autorisé, sans véritable débat, le port du voile dans l’enseignement supérieur.
Le voile se porte mieux à gauche
Comme en France, des musulmanes, avec le soutien discret d’organisations islamiques et « antiracistes », utilisent avec succès les tribunaux pour faire avancer les « accommodements raisonnables ». Deux épisodes récents illustrent la progression du voile dans le secteur public et l’hypocrisie politique face à cette question. En mai, la STIB (équivalent bruxellois de la RATP et premier employeur de la région) a été condamnée pour discrimination à l’embauche suite à la plainte d’une candidate recalée pour son refus de se dévoiler. Sur injonction du gouvernement bruxellois, son autorité de tutelle, la STIB a décidé de ne pas faire appel, ouvrant inéluctablement la porte au voile dans l’entreprise même s’il reste – pour combien de temps ? – interdit aux agents en contact avec le public.
En 2015, dans une affaire similaire, Actiris, l’agence bruxelloise pour l’emploi, avait aussi décidé de ne pas aller en appel. Récemment, en septembre 2021, la même agence a suspendu une offre d’emploi émanant de la communauté éducative Sainte-Geneviève qui précisait que le « port du voile » est interdit dans l’établissement scolaire, « en attendant le résultat d’une étude juridique ». Le gouvernement et le parlement bruxellois, compétents en la matière, se sont retranchés derrière le paravent du droit pour surtout ne pas s’emparer de la question !
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La Belgique francophone est beaucoup plus à gauche que la France. Dans les parlements, le parti francophone représenté le plus « à droite » est le Mouvement réformateur, auquel appartient Charles Michel, le président du Conseil européen, allié au Parlement européen à La République en marche. Si on additionne les intentions de vote en faveur de Marine Le Pen, d’Éric Zemmour et du candidat LR quel qu’il soit, entre 45 et 50 % de l’électorat français se situerait plus à droite que le plus à droite – ou le moins à gauche – des partis francophones belges ! La gauche belge (y compris le MR) est particulièrement acquise au multiculturalisme ainsi que l’ensemble de la presse. Il n’existe donc aucune force pour défendre la laïcité. Quant à interdire le voile dans l’espace public, personne n’y songe.
Le monde politique laisse faire le « droit » et la réalité du voile s’imposer peu à peu dans les administrations où les musulmans sont encore très minoritaires, jusqu’au jour où le port du voile dans le secteur public deviendra un fait accompli, banalisé, qui ne sera plus contesté par personne.
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