Jean-Baptiste Baronian explore la gastronomie de notre voisine d’outre-Quiévrain, avec quelques surprises en perspectives.
Gourmet et gourmand, le très érudit Jean-Baptiste Baronian nous livre avec ce Dictionnaire de gastronomie & de cuisine belges – à l’étonnante couverture fuschia – la suite, en quelque sorte, de son Dictionnaire amoureux de la Belgique (Plon).
La deuxième meilleure cuisine d’Europe?
Avec un soin maniaque et sans lésiner sur les détails les plus pointus, l’auteur promène son lecteur dans l’histoire culinaire et littéraire du royaume, depuis la fin du Moyen Age jusqu’à nos jours. Des incunables aux guides Delta, Baronian a tout dévoré sur la cuisine belge, que le grand Curnonsky considérait comme la meilleure d’Europe… après la française. Surtout, comme l’homme n’est pas le moins du monde cuisinier mais plutôt amateur averti et exigeant bon vivant, il s’est intéressé non point aux recettes mais à l’histoire des mets, à leurs origines plus ou moins lointaines, même s’il montre que maintes recettes dites « traditionnelles » ne remontent pas nécessairement à Ambiorix. Et, a contrario, plus d’une recette inventée par tel chef prestigieux, semble bien exister depuis l’aube des temps.
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De cette cuisine que son cher Baudelaire trouvait « dégoûtante et élémentaire », Baronian connaît tous les secrets, tous les parfums. Son impressionnante mémoire à la fois gustative et littéraire lui permet de citer fort à propos les grands gastronomes, d’Escoffier à Gaston Clément (qui régna sur les cuisines belges), mais aussi les écrivains, ses confrères, d’Alexandre Dumas à Simenon, de Ghelderode à Léon Daudet, sans oublier l’auteur d’Aux Armes de Bruxelles – la fine fleur, en somme. Il n’oublie pas les grands chefs, d’Yves Mattagne à Pierre Wynants, d’Alexandre Lous à Marcel Kreusch.
L’origine (française) des frites
Des anguilles au vert au waterzooi, des asperges de Malines au speculoos, le lecteur goûte à tout ce que la joyeuse Belgique produit d’euphorisants. Blanche de Louvain (dont Hugo fustigeait « l’arrière-goût odieux »), cramique, crevettes grises, huîtres d’Ostende (célèbres au XIXème, et chantées par Nerval), faro (« de l’eau deux fois bue » dixit Baudelaire), filet américain (qui remonterait au XVIIIème) – tout nous est révélé des mystères de la gastronomie thioise. Jusqu’à l’origine véritable des frites, introduites à Bruxelles par des émigrés parisiens.
Un mythe s’effondre, celui de l’autochtonie belge des frites…
Qu’à cela ne tienne, noyons donc notre chagrin à coups de kriek à la cerise et de genièvre au citron dans les estaminets bruxellois, par exemple à la Fleur en Papier doré, comme les surréalistes et les membres du groupe Cobra, comme Thierry Marignac et Jérôme Leroy !
Jean-Baptiste Baronian, Dictionnaire de la gastronomie & de la cuisine belges, Editions du Rouergue, 2019.
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