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Bécassine au Togo

Migrants: ceux qui quittent tout sont-ils les plus courageux?


Bécassine au Togo
image d'illustration Pixabay

Un jour que des élèves de première étaient venus la trouver pour un texte sur les migrations, Bécassine lut que « ceux qui quittaient tout étaient courageux ». Elle ne doute pas un instant que de tout quitter exige du courage, mais une question s’est posée à elle: et ceux qui restent, ils seraient lâches ?!

Il s’agissait en la demeure de migrants africains qui avaient traversé la Méditerranée ; pour la plupart hommes de 18 à 35 ans, donc dans la force de l’âge, et laissant derrière eux femmes, enfants et vieillards, avec quelques mûrs au milieu.

Il arrive que Bécassine regarde la télévision et un jour, elle est tombée sur un documentaire qui passait sur LCI et qui s’intitulait « Choco-Togo ». Ecrit par Roger Adzafo et réalisé par Espoir Agbogan, ce documentaire mettait en scène la démarche proprement stupéfiante d’un homme nommé Komi Agbokou qui avait décidé de venir en Europe, mais pas pour y rester, non, pour apprendre en Italie, en Belgique et en France comment fabriquer le chocolat. Pourquoi ? Parce qu’il aimait ça ? Pas que.

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Partant du principe que son pays, petit producteur de fèves de cacao mais producteur quand même, subissait d’une part des prix fixés à 5000 kilomètres de là à la Bourse de Londres ; prix qui ne valaient pas grand-chose et qui appauvrissaient le pays, et que, d’autre part, la majorité des Togolais n’avaient jamais vu une plaquette de chocolat de leur vie et y avaient encore moins goûté, il décida ceci :

Qu’il était grand temps que ceux qui produisent les fèves en goûtassent également leur transformation, qu’il était grand temps aussi d’augmenter la qualité du produit pour faire concurrence au trop sucré importé et qu’il était plus que nécessaire par ailleurs de doubler le prix de la fève au profit des producteurs. Grâce à une usine de transformation qu’il mit sur pied, il put se le permettre et créa un certain nombre de coopératives où des femmes travaillèrent ; ce qui n’était pas acquis dans ce pays. Mais sa force de persuasion eut raison des réticences des maris…

Bécassine se souvint d’avoir à la fois ri et pleuré lorsque Komi, tel le commis voyageur sillonnant inlassablement le pays, montrait à des villageois réunis sur la grande place, des plaquettes de chocolat dont ils n’avaient pas idée et du sourire des mômes goûtant un carré du divin produit pour la première fois.

Elle n’oublia pas non plus une phrase qu’il prononça : «  Mais qu’est-ce qu’ils vont mourir en Méditerranée, les africains ! Il y a des choses à faire ici ! »

Bécassine a raconté à ses élèves l’histoire de Komi et de « Togochoco » et leur a posé la question suivante :

«  À présent, de quel côté est le courage ?… »



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