Les dérives redoutées de l’euthanasie se confirment au Canada. L’accès à l’AMM s’y obtient en quelques jours, quand il faut parfois des mois pour obtenir une consultation médicale classique.
Pour se faire une idée des dérives possibles de l’euthanasie, il faut regarder le Canada où elle a été légalisée en 2016. Une loi promulguée en 2021 a abrogé une condition qui limitait l’accès à l’euthanasie aux seules personnes souffrant d’une maladie en phase terminale dont la mort était jugée « raisonnablement prévisible ». Les dangers d’un possible dévoiement du système soulevés par Causeur en janvier 2023 semblent confirmés aujourd’hui par les chiffres officiels. En 2022, 4,1 % de tous les décès recensés au Canada étaient des cas d’euthanasie, dont le nombre représente un bond de 31 % par rapport à 2021. Surtout, 463 personnes euthanasiées n’étaient pas dans des situations de mort « raisonnablement proche », soit deux fois plus qu’en 2021.
Maintenant, c’est la proposition d’étendre l’« aide médicale à mourir » (AMM) aux malades mentaux, aux adolescents et aux toxicomanes qui fait débat. « L’AMM, dans le domaine de la santé mentale et de la toxicomanie, vise à l’eugénisme. Ce n’est pas la solution : il y a des gens qui luttent contre la toxicomanie et qui n’obtiennent pas le soutien et l’aide dont ils ont besoin », dénonce Zoë Dodd, engagée auprès des personnes souffrant d’addictions. Ed Fast, député du Parti conservateur du Canada, se demande : « Allons-nous évoluer vers une culture de la mort comme option préférentielle pour les personnes souffrant de maladies mentales ou allons-nous choisir la vie ? » L’accès à l’AMM peut se faire en quelques jours, quand il faut parfois des mois pour obtenir une consultation avec un spécialiste.
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Pour des personnes aux abois, le suicide assisté peut être vu comme un moyen de se sortir d’une mauvaise passe. Ce fut le cas d’Amir Farsoud, fin 2022 : ce Canadien de 54 ans, gravement handicapé, craignait de se retrouver à la rue suite à la mise en vente de son logement social. Il avait fait une demande d’euthanasie. Après avoir reçu 60 000 dollars via une collecte, il a pu s’acheter une maison et est revenu sur sa décision. Pierre Dac avait pourtant prévenu en son temps : « La mort n’est en définitive que la conséquence d’un manque de savoir-vivre. »