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Beatrice Venezi, le militant de gauche, la beauté et la laideur du monde

Décidément, l’extrême gauche a bien du mal à séparer l’œuvre de l’artiste…


Beatrice Venezi, le militant de gauche, la beauté et la laideur du monde
Le chef d'orchestre Beatrice Venezi © Rocco Spaziani/Mondadori Portfol/SIPA

Des militants ont tenté d’interrompre une représentation aux cris de « Pas de facho à l’opéra, pas d’opéra pour les fachos ».


Vêtue d’une longue et seyante robe rouge, Beatrice Venezi s’apprêtait à entamer sa représentation, à l’occasion du concert gratuit de Nouvel An, à Nice, lorsqu’elle fut interrompue par un histrion d’une gauche que l’on devine radicale, pour ne pas dire extrême. 

Loin de se laisser décontenancer, la cheffe d’orchestre italienne répondit de la plus belle des manières, en opposant la grâce aux vociférations injustes et méchantes, l’harmonie au bruit d’un monde qui part à vau-l’eau, l’art tout simplement en plein cœur d’une époque qui en manque cruellement.

C’est au cri peu inspiré de « Pas de facho à l’opéra, pas d’opéra pour les fachos », que Beatrice Venezi fut donc interrompue. La jeune femme a beau se défendre de faire de la politique, la sénestre lui reproche d’être la fille de son paternel, qui fut dirigeant de Forzo Nuova, parti néofasciste, et d’être la conseillère musicale du ministre italien de la Culture, Gennaro Sangiuliano, au sein d’un gouvernement dirigé par Giorgia Meloni.

On pourrait sommer la gauche de « séparer l’œuvre et l’artiste », comme si d’ailleurs l’une pouvait être indissociable de l’autre, mais ce serait omettre l’essentiel : autant que la question migratoire, le pouvoir d’achat ou la situation internationale, la culture s’est à nouveau imposée, depuis quelques années, à l’avant-plan du débat intellectuel et politique, avec des lignes de fractures facilement identifiables. 

C’est ainsi qu’est ravivée, à intervalles devenus réguliers, une version contemporaine de la querelle des Anciens et des Modernes, qui opposait jadis les auteurs sur l’héritage indépassable ou non de l’Antiquité, et qui met désormais aux prises, dans une déclinaison certes de moindre qualité, les amoureux des bals populaires et de Michel Sardou aux fans de Juliette Armanet et de Médine, les pro et les anti-Depardieu qui se ridiculisent – plus qu’ils ne font avancer le débat – à coups de pétitions, Vincent Van Gogh et les militants écologistes jetant de la peinture sur ses Tournesols. 

En surplomb, réapparaît l’épineuse question de la cancel culture qui, plus encore qu’une culture de l’effacement, est un effacement pur et simple de la culture. C’est bien à celle-ci qu’une partie de la gauche mène une guerre sournoise, dont les cibles sont également la Beauté, l’esthétique, et la verticalité, symbolisée par les mélodies qui s’envolent, quelque part, vers les cieux, vers les Dieux peut-être, en tout cas vers l’infini.  Au lieu de mégoter sur l’absence de réactions indignées de la ministre française de la Culture Rima Abdul Malak, dont nous connaissons la position sans qu’elle n’ait à l’exprimer, nous préférons commencer l’année sur quelques belles notes, en nous plongeant dans l’oeuvre de Beatrice Venezi, dont sa reprise du répertoire de Puccini. En écoutant Le Villi, Madame Butterfly ou Suor Angelica, nous nous consolons : les grandes œuvres finissent par traverser les époques et les modes.



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