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Le centrisme est un immobilisme!

Le billet politique d’Ivan Rioufol


Le centrisme est un immobilisme!
Marine Le Pen écoute le discours de politique générale du Premier ministre François Bayrou à l'Assemblée nationale, 14 janvier 2025 © ISA HARSIN/SIPA

Bayrou, c’est l’art d’enrober l’indécision dans des discours sympathiques pendant que la France patine. Lors de son discours de politique générale hier, le Premier ministre a confirmé l’impuissance du centrisme, selon notre chroniqueur.


Le centrisme est un immobilisme. Il est ce que la France n’attend plus. Or l’indécision s’accroche au pouvoir finissant : sa crainte de brusquer les opinions précipitera sa chute. L’incapacité de François Bayrou à s’engager clairement sur les sujets régaliens (insécurité, immigration, islam politique) relève autant de la lâcheté que de la prudence. Dans les deux cas, la France est assurée de faire du sur place, voire de régresser encore davantage. La prestation pateline du Premier ministre, mardi lors de sa déclaration de politique générale, a pu paraître sympathique au regard des hystéries entretenues par l’extrême gauche. Cependant, la posture arrondie n’a été choisie que pour sauver dans l’urgence le destin du gouvernement, certainement pas celui de la nation. La retraite est, au-delà du dossier technique que Bayrou s’est employé à complexifier pour s’attirer les bonnes grâces d’un PS achetable, le mot plus général qui définit le mieux un pouvoir qui ne cesse de reculer, de battre en retraite. La stratégie du ventre mou définit plus que jamais cet équilibrisme qui n’a jamais rien eu de révolutionnaire. Alors que les citoyens réclament de la radicalité dans les positions des hommes politiques, c’est-à-dire littéralement l’approfondissement des racines (radix) d’où sont partis tous les désastres, le choix de l’apaisement des songe-creux replonge la France dans son impuissance suicidaire. 

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Bayrou incarne ce monde finissant à force d’avoir la vue brouillée, les idées floues, la main tremblante. Même son combat contre l’endettement public et la bureaucratisation n’a su déboucher, hier, sur la moindre annonce d’économie ou de réforme. Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur vif-argent, a dû se contenter de l’entendre dire, abordant l’immigration, qu’elle est « une question de proportion » : une banalité pour ceux qui, depuis des décennies, alertent sur l’effet du nombre dans les déséquilibres culturels et civilisationnels qui fragilisent la nation. En réalité, Bayrou persiste à ne pas vouloir admettre l’échec des sociétés ouvertes au multiculturalisme, en feignant de croire au dynamisme de l’intégration. De ce point de vue, les Frères musulmans peuvent être rassurés : ce n’est pas l’angélique Premier ministre qui viendra leur chercher noise dans leur subversion de la République. Il n’appuiera pas son plus percutant ministre de l’Intérieur. Ce dernier est condamné à jouer cavalier seul. Alors que l’islam conquérant, fort de ses relais dans le pays (dont la grande mosquée de Paris, acquise aux intérêts algériens) mène une offensive séparatiste qui pourrait déboucher sur une guerre civile, cette perspective a été évacuée par le chef du gouvernement au profit de fumeuses mises en place de commissions, comités interministériels, conclaves, « missions flash » et séances de relecture des cahiers de doléances des gilets jaunes.

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Cette politique de l’autruche n’est certes pas nouvelle. Elle est même la norme depuis plus de trente ans. Cependant, Bayrou a un mérite : il résume en sa personne, plutôt aimable au demeurant, ce que la France va devoir éviter si elle veut renaître. Le centrisme est un tombeau.

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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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