En France, on a le don de se passionner pour les choses aussi importantes que les frasques sexuelles de nos oligarques.
La main au panier ?
Un grand personnage de l’Etat, Denis Baupin, le vice-président de l’Assemblée nationale, a-t-il mis une main au panier de certaines de ses collaboratrices ? À moins que ce ne soit une « louche » complète ? Ou une petite tape coquine ? Leur a-t-il proposé un « furtif » ? « Bonjour Mademoiselle, au revoir Madame ». Ou est-il allé jusqu’à leur offrir la « totale » en échange de compensations substantielles ? Voilà qui est en effet fondamental et qui mérite des dizaines de textes, de réactions et de réflexions politiques poussées. Ainsi qu’au zinc du café du coin, les uns s’enflamment pour ses « victimes » supposées qui ont fermé leur bouche depuis des années craignant pour leur carrière, les autres pour le défendre avec tout autant de virulence…
« Ben non moi je dis ça se fait pas ! » « Ah ben ouais mais alors sinon on peut plus rien dire ! » Ad lib.
Le gouvernement contre la démocratie
Dans le même temps, se déroulent des événements certainement insignifiants au regard de nos éditorialistes et commentateurs assermentés. Le gouvernement vient de faire passer en force, grâce à l’article 49-3, la loi Travail portée par Myriam El Khomri qui n’est que l’exécutante du texte et non son inspiratrice. C’est un autre déni de démocratie car il n’y a pas eu de débat démocratique sur ce texte, à peine le gouvernement a-t-il modifié quelques articles sous la pression des manifs étudiantes et lycéennes. Nous sommes quand même en pré-campagne de la prochaine présidentielle et il faut bien faire plaisir aux « djeunes ».
Les élites contre le peuple
Il y eut bien des intervenants fulgurants, à l’exemple d’Alain Duhamel ce matin sur RTL, pour affirmer sans ciller que cette loi n’allait pas faire progresser la popularité du gouvernement. On est frappé par tant d’acuité intellectuelle. Il n’eut bien entendu pas un mot pour évoquer les conséquences désastreuses bien concrètes pour les Français de celle-ci.
Il faut dire que comme la plupart des oligarques et leurs obligés, comme la ministre du Travail et nombre de ses collègues, Alain Duhamel ne sait pas ce qu’est le parcours de combattant d’un salarié aujourd’hui, un de ceux ne disposant ni de copinages ni de réseaux et n’ayant que peu d’appétence pour l’obséquiosité. Le privé n’a pas l’apanage de la précarisation à tout va pour complaire aux actionnaires, dans le public on peut trouver des contractuels cumulant quarante-deux CDD en quinze ans sans que les syndicats, sauf exceptions notables, n’y trouvent à redire.Il est d’ailleurs logique qu’au sein d’un système où l’avidité, l’âpreté au gain, priment sur toute autre considération, les spécialistes de « l’entre-soi » n’y trouvent rien à redire tant qu’ils conservent leurs avantages. Après eux le Déluge ! Il est fort dommage que la contestation de cette loi soit abandonnée aux rigolos de Nuit debout qui sont, malgré leurs aspirations parfois sympathiques, de parfaits représentants de la gauche idéologique la plus dogmatique et la plus déconnectée des réalités de terrain. Comment peut-on en effet comprendre le quotidien d’un travailleur précaire lorsque l’on vit dans un « deux-pièces » au loyer payé par papa-maman ? Comment peut-on saisir ce qu’est la précarité lorsque l’on n’a jamais eu à subir des problèmes de surendettement ? Lorsque les fins de mois ne commencent pas le 5 tout étant pris en charge par les géniteurs…Peu importe tout cela, l’urgence est de parler de cul, de se donner des le genre affranchi, de vrais petits « apaches », ou bien de poser en défenseur-e-s obstinées du respect des femmes. Les conséquences de la loi El Khomri ce ne sont que des angoisses de « ploucs » et de « franchouillards »…
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !