On était encore bouche bée de la manière dont le centenaire de la bataille de Verdun avait été commémoré le dimanche 29 mai qu’une information relayée par France 3 Picardie est passée quasi inaperçue : François Hollande ne participera pas aux commémorations de la bataille de la Somme qui auront lieu le 1er juillet prochain. La raison de cette absence serait, toujours selon France 3 Picardie, l’absence de la reine d’Angleterre qui, faut-il le rappeler, vient de fêter ses 90 ans.
Pourtant, de nombreux chefs d’Etat sont attendus pour cette cérémonie car, si pour les Français la plus grande bataille de la première guerre mondiale est Verdun, pour les pays du Commonwealth, c’est la Somme.
Dans cette terrible bataille plus d’hommes sont tombés qu’à Verdun, ce qui veut tout dire. Les troupes du Commonwealth y ont perdu en cinq mois de combats 203 000 hommes, les Français 66 000 (163 000 à Verdun) et les Allemands 170 000 (143 000 à Verdun). On comprend mieux en lisant ces chiffres l’importance de cette bataille pour les Britanniques, Canadiens, Néo-Zélandais, Australiens ou Sud-Africains.
Le 1er juillet 1916, jour de l’offensive alliée, est le jour le plus meurtrier de toute l’histoire militaire britannique puisque ce jour là, plus de 19 000 « Tommies » ont laissé leur vie sur le champ de bataille. Le régiment royal de Terre Neuve, composé de Canadiens, perdit le même jour 801 de ses hommes sur 865, ce qui fait un taux de perte de 92%…
La moindre des choses serait, puisqu’il n’est pas encore trop tard, que le président de la République se rende à Thiepval, lieu des commémorations comme il s’est rendu à Verdun pour rendre hommage à nos alliés qui ont perdu plus d’un million d’hommes à nos côtés dans cette terrible guerre. Finalement, qu’importaient l’Alsace et la Lorraine à l’Australien de Sydney, au Néo-zélandais d’Auckland, au Sud-Africain de Durban, au Canadien de Montréal ou à l’Ecossais de Glasgow ?
Après les attentats du 13 novembre, alors que l’équipe de France de football devait aller jouer à Wembley contre l’Angleterre, le stade britannique fut pavoisé aux couleurs de la France et de la devise « liberté, égalité, fraternité ». Le Premier ministre David Cameron et le prince William étaient même venus déposer des gerbes de fleurs au bord de la pelouse avant de chanter avec le public pour qui les paroles défilaient sur le tableau d’affichage La Marseillaise.
On a senti ce soir-là une empathie et un soutien magnifiques de l’autre côté de la Manche qui fit chaud au cœur en ces jours de deuil. Aussi, on aimerait que la France ne brille pas par son ingratitude le 1er juillet prochain en mémoire de ces hommes venus du bout du monde mourir pour nous.
On nous parle toujours du fameux « devoir de mémoire », il serait bon cette fois-ci d’y ajouter un devoir de présence…
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