Bat Yé’or, qui signifie « fille du Nil » en hébreu, est une juive d’origine égyptienne, déchue de sa nationalité et chassée d’Égypte en 1957, qui vit depuis cinquante ans à Gland dans le canton de Vaud avec son époux britannique David Littman, un historien connu à Genève pour son activisme pro-israélien. Elle-même poursuit des recherches sur les « dhimmis », à savoir les juifs et les chrétiens, qui ont vécu sous la domination de l’Islam. Comme elle est citée plus de quarante fois dans le manifeste d’Anders Breivik, une journaliste Suisse, Patricia Briel a eu la curiosité de la rencontrer. On se reportera à son article paru dans Le Temps du 4 août.
Si Bat Yé’or condamne toute forme de violence et considère Breivik comme un djihadiste, elle admire, en revanche, Geert Wilders et se félicite du vote populaire helvétique interdisant les minarets. Ses thèses sur l’Eurabia ont connu un retentissement mondial et ont été soutenues aussi bien par les néo-conservateurs américains que par Ayaan Hirsi Ali, la réfugiée somalienne, ou Oriana Fallaci. L’Eurabia, dit-elle, vise la création d’un vaste ensemble méditerranéen euro- arabe qui contrebalancerait le pouvoir des États-Unis. La reconnaissance d’une dette culturelle vis-à- vis de l’Islam, ainsi qu’une immigration massive et une politique pro-palestinienne, feraient partie du deal, un jeu de dupes en réalité, qui conduira tôt ou tard à une islamisation de l’Europe.
J’admets volontiers, avant ma lecture du Temps, n’avoir prêté qu’une attention discrète aux travaux de Bat Ye’or et je me garderai bien de me prononcer sur leur pertinence. Mettons que c’est une pièce de plus à verser au dossier inextricable de la guerre des civilisations. On cherchera sans doute à discréditer ses thèses en rappelant les massacres d’Oslo. On aurait tort.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !