D’abord, ça m’a fait bien rire.
C’était en juin dernier, dans le quartier le plus bobo de Barcelone, Gràcia. Je descendais tranquillement la Carrer de Torrijos en direction de la halle de l’Abaceria – marché couvert où l’on peut, au petit matin et sur le zinc, se régaler de charcuteries et fromages catalans. Là, devant l’entrée de la halle, un petit malin s’était amusé à ajouter une direction à celles déjà présentes sur les panneaux indicateurs destinés aux touristes – pourtant rares dans ce coin de la ville. « L’aéroport, c’est par là ! », inscription suivie d’une invitation à partir, un peu plus convenue et abrupte, « Tourists, go home ! ». Entre la douceur de ce matin d’été, cette impression confuse que la ville, les gens, l’air lui-même avaient organisé une sorte de conjuration pour assurer mon bonheur et, d’autre part, la brutalité du message, j’ai senti un choc. Non, avec nos chaussures de marche, nos shorts de toile beige, nos sacs à dos siglés et, surtout, cette confiance, un rien vaine, du Parisien pour lequel le monde est un vaste banquet où il est l’invité d’honneur, non, avec tout ça, malgré tout ça, nous n’étions pas nécessairement les bienvenus. Je veux dire : dans la vraie ville – qui n’est pas qu’un décor – peuplée par de vrais gens – qui ne sont pas que des figurants. En fait, je ne tarderai pas à m’en apercevoir, les murs de Barcelone étaient envahis par de telles inscriptions, signes d’une allergie de la capitale catalane à la présence touristique.
Début septembre, à Paris, je lisais à ce sujet, un article paru dans M, le magazine du Monde, intitulé L’auberge espagnole voit rouge et qui expliquait, cette fois sans la juger, ce qu’en d’autres lieux, on aurait appelé « tentation du repli sur soi ». Le grand quotidien français, infatigable pourfendeur de la seule idée qu’il puisse exister un seuil de tolérance, semblait plutôt comprendre nos voisins catalans et leur soudain rejet de la présence étrangère fort peu discrète.
Lisez la suite de l’article sur le blog d’Olivier Prévôt
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