Déjà, les premières frappes américaines ont permis depuis le 8 août à l’Etat irakien de repousser les djihadistes dans leurs retranchements. Avec un minimum d’engagement américain sur le terrain, l’Etat islamique s’est replié aux marges du Kurdistan et son offensive sur Bagdad a été stoppée net. Obama s’est décidé mercredi à frapper aussi le sanctuaire syrien de l’E.I, ce qui devrait faire l’affaire d’Assad.
On peut toujours se poser la question de l’enlisement. Mais une chose est sûre, Obama part bien mieux que son prédécesseur. En stratège averti, il sait qu’il n’y a pas de solution militaire sans solution politique préalable. Il a donc pris le temps de régler de l’intérieur la crise politique avant d’engager son aviation. Il n’a pas hésité à s’appuyer sur l’Iran pour isoler Nouri Al-Maliki et faire émerger un Premier ministre chiite plus acceptable pour les tribus sunnites. C’est à la demande du gouvernement irakien que la coalition intervient et les troupes au sol ne seront pas américaines.
Le contraste avec 2003 est on ne plus saisissant. Bush Jr avait coupé la “communauté internationale” en deux, le conseil de sécurité de l’ONU, si feutré d’habitude, était devenu un hémicycle turbulent. Le projet politique irakien était simple (virer Saddam Hussein) mais il avait été conçu de l’extérieur, sans tenir compte des réalités irakiennes. Et les voisins n’étaient pas très chauds. Syrie et Iran avaient été diabolisés, placés d’office sur l’axe du mal. Même la fidèle Turquie s’était sentie outragée.
Unité sur le front irakien qui n’eût pas été possible si Obama et Kerry n’avaient pas décidé de calmer le jeu en Ukraine. Les Etats-Unis, pour avoir les coudées franches en Irak, préfèrent cantonner leur riposte anti-russe à l’économie (au pire c’est l’Europe qui trinque). Entre l’Ukraine et l’Irak, Obama a fixé ses priorités: impensable de laisser l’Irak aux djihadistes, ce serait une humiliation pour l’Amérique. Il fallait donc jouer la détente à Kiev.
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