Dans sa fonction de déconstruction du réel, le discours médiatique ambiant, relayant le propos du pouvoir politique, a introduit un nouveau schéma d’explication pour commenter les actes de violence de masse qui frappent actuellement l’Europe : la subtile distinction entre « acte terroriste » et agression commise par un « déséquilibré ». Avant les attentats de 2015 et 2016 qui ont ensanglanté la France, toute une série d’attaques au couteau ou à la voiture folle, en France, en Belgique et aussi en Autriche et Grande-Bretagne, avaient déjà été « vendue » au public sous l’emballage « acte commis par un déséquilibré » ; que le déséquilibré en question crie « Allahou Akbar » ne semblait pas alors une cause suffisante pour mettre en avant le caractère politico-religieux de l’agression, si elle n’était pas d’emblée revendiquer par une organisation labellisée. Ainsi, les premiers signaux annonçant un nouveau type de violence terroriste aveugle ont été largement cachés au grand public par une entourloupe médiatique.
Les « fous », si tel était le cas, agissent de toute manière selon l’univers mental qui les imprègne, or, ces prétendus psychopathes agissent bien dans le sens de la violence djihadiste. A ce que l’on peut savoir il y a également des psychopathes chez les chrétiens ou les bouddhistes, ils ne pratiquent pas le meurtre de masse à répétition au nom de leur croyance.
Violence protéiforme
Mais surtout, peut-on comprendre la violence terroriste en la déconnectant d’un contexte global de violence qui légitime la haine de la société hôte et de ses valeurs ? Peut-on ainsi ignorer le continuum de violence qui frappe notre pays, comme d’autres pays d’Europe, depuis les agressions du quotidien, pudiquement rebaptisées « incivilités », aux trafics organisés qui tiennent les cités, de la radicalisation religieuse aux crimes terroristes ?
Le fond de l’affaire n’est-il pas d’abord la culture de la violence qui imprègne des pans entiers du territoire et leurs populations captives ? Une violence construite sur la haine de la France et des Français et qui forme un bloc compact et cohérent.
Ne faut-il pas alors globaliser la problématique de la violence et saisir ses liens avec l’immigration de masse incontrôlée et la crise identitaire française pour comprendre le phénomène historique auquel nous sommes confrontés ? Les Français ressentent confusément la logique de ce continuum de la violence mais ne peuvent l’exprimer car leurs dirigeants et leurs médias interdisent ces connections en faisant de la violence radicale un phénomène en soi, coupé de son environnement culturel local, qui résulterait d’un processus quasi individuel !
Ce qui permet aux médias de gloser de manière stérile sur le fait de savoir si tel ou tel type de violence relève de la délinquance, de la psychiatrie ou du religieux. Tout est lié et tout se mêle, évidemment ! Et le profil majoritaire des terroristes en témoigne.
Il y a une identité de nature entre la haine de la France de la racaille ordinaire et la haine de la France du djihadiste ; ce n’est ensuite qu’une question de psychologie personnelle, de circonstance et de séquençage. La grande majorité des terroristes est d’abord passée par la case violence civile et délinquance.
Il faut ainsi clairement faire le lien entre la culture de la violence du milieu délinquant qui impose sa domination dans les cités ghetto et la radicalisation religieuse. La culture de la violence, quasi légitimée et si peu réprimée, est bien la matrice de la violence terroriste et religieuse. La violence ne se limite pas au terrorisme ; contraindre les femmes à porter le voile ou ne plus sortir comme elles le veulent, attaquer en meute des femmes européennes, laisser des pans entiers du territoire être contrôlés par des bandes, racketter les « babtous fragiles », permettre et promouvoir des chansons qui profanent la France et les Français ou appellent au meurtre de policiers, c’est déjà ouvrir la voie au terrorisme.
L’inconscient meurtrier
Les classes dirigeantes européennes ne peuvent poser et accepter ce diagnostic car il engage, de fait, leur responsabilité : comment ont-elles pu, au fil des décennies, laisser de telles situations de tension et de violence s’installer aussi massivement ? Il est naturel qu’un environnement pathogène, où les règles ordinaires de la sociabilité « civilisée » sont sans cesse bafouées, entraîne des comportements pathologiques, dont la violence meurtrière est une des formes d’expression. Le déséquilibre des comportements individuels n’annule pas la portée politique du geste assassin, au contraire même, il en est un marqueur essentiel.
L’immigration de masse dans les conditions dans lesquelles elle a fonctionné depuis plusieurs décennies est un phénomène de pathologie collective qui participe de l’émiettement de sociétés fragiles aux identités incertaines. Sur ce terrain dévasté toutes les manipulations psycho-idéologiques sont possibles et la déstructuration identitaire ne peut qu’engendrer une multiplication des personnalités déséquilibrées, voire psychotiques.
La tension identitaire est au cœur même de la pathologie sociale qui engendre une multitude de comportements violents dont les formes sont multiples et évolutives. La biographie des terroristes montre bien ces interconnexions entre sous-culture légitimée des cités, un certain rap est au cœur de cette dynamique, délinquance organisée et radicalisme religieux. Il n’y a pas de contradiction comportementale entre la culture de la drogue, la sexualité prédatrice, la violence anarchique, l’individualisme consumériste forcené, et l’engagement djihadiste. Ces différentes phases se déroulent dans un même contexte socio-culturel, où le sentiment de rejet du pays hôte et la pulsion de légitime prédation sur ses habitants forment le substrat d’une culture que la bien-pensance qualifie, sans honte, de « populaire » !
Il est presque cliniquement compréhensible que les tensions provoquées par la cohabitation de réalités identitaires incohérentes et conflictuelles puissent provoquer chez les esprits les plus fragiles ou les plus exaltés des ruptures mentales dévastatrices ; surtout quand le sentiment d’impunité suscité par la vulnérabilité de la victime désignée facilite la décision du passage à l’acte.
Ainsi, la violence terroriste n’est que la partie la plus émergée d’une violence globale dont la nature éminemment identitaire est niée par le système idéologique dominant. Elle est l’acte vengeur d’un inconscient identitaire occulté et refoulé qui réclame son lot de victimes et de sang pour affirmer son existence. L’inconscient collectif bafoué peut tuer quand il s’exprime.
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