Jeune homme en mai 68, André Perrin nous parle d’un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. Dans cette France disparue, même les timides devaient faire les premiers pas et, à chaque étape de la séduction, risquer d’humiliants refus pour arracher baisers ou caresses. Aujourd’hui, cette drague embarrassée serait dénoncée comme du harcèlement.
Lorsque dans la foulée de l’affaire Weinstein a débuté la campagne « Balance ton porc », je me suis tout d’abord cru totalement à l’abri. Non seulement je n’avais jamais violé personne, pas même en rêve, mais ni le harcèlement sexuel ni la drague lourde n’étaient dans mes manières, et si peu que pas la drague légère. Ce n’est pas que le mérite en revînt tout entier à ma bonne éducation, à mes convictions féministes ni à ma vertu : ma timidité avec les femmes y avait sa part ainsi qu’un amour-propre qui, dès mes jeunes années, me faisait souvent renoncer à quémander une faveur pour ne pas courir le risque de me la voir refuser.
« J’aimerais qu’elle fasse le premier pas »
Je me sentais donc de plain-pied avec les paroles de cette chanson qui connut un vif succès au début des années 1970 : « Le premier pas / J’aimerais qu’elle fasse le premier pas / Je sais, cela ne se fait pas / Pourtant j’aimerais
