Créer de nouveaux pays où l’administration sera entièrement gérée par l’intelligence artificielle, c’est le grand projet de l’entrepreneur Balaji Srinivasan. Vivement demain ?
Alors que le libéralisme peut être défini comme le projet de limiter l’emprise des pouvoirs publics sur la vie des citoyens, le rêve des libertariens, lui, consiste à carrément se passer d’État. Pour ce faire, certains milliardaires de la Silicon Valley ambitionnent sérieusement de créer des « cyber-pays ».
Le principe : racheter de vastes territoires et y établir des républiques autonomes dont les lois seraient entièrement privées et l’administration gérée par intelligence artificielle. Quant aux demandes de naturalisation, elles se feraient en quelques clics et moyennant finances, aussi simplement qu’on s’abonne à Netflix. Fantasme de geek ? Pas si sûr. L’entrepreneur américain Balaji Srinivasan, star mondiale des cryptotechnologies, que ses fans appellent tout simplement « Balaji », vient d’ouvrir en Malaisie The Network School, une école censée former les futurs dirigeants des cyber-pays. Qu’on se rassure : d’après la BBC, il est demandé aux étudiants de souscrire aux valeurs occidentales… Les cours sont dispensés à Forest City, une ville nouvelle située au bord du détroit de Johor, à seulement trois kilomètres des côtes de Singapour. La première promotion de l’école compte 150 élèves. « On a créé de nouvelles communautés comme Facebook, de nouvelles monnaies comme le bitcoin ; on peut donc créer de nouveaux pays », s’est enthousiasmé Balaji lors de la conférence de lancement de l’école à Amsterdam. Reste toutefois une question : où est-il possible de créer un cyber-pays ? Pour certains, Donald Trump a peut-être donné la réponse. Le 14 septembre, lors d’un meeting à Las Vegas, le candidat républicain à la Maison-Blanche a promis que, s’il était élu, il libérerait des terres fédérales au Nevada afin d’y « créer de nouvelles zones spéciales avec des impôts et une réglementation ultra-faibles ».
Ce plan, a-t-il déclaré, s’inscrit dans la tradition de « l’esprit pionnier et du rêve américain ». Les mauvaises langues parleront plutôt d’une autre tradition yankee : les républiques bananières.