Qu’on se le dise ! Paris vient de célébrer la réouverture d’un lieu mythique des Années folles : le Bal nègre. Enfin presque… Ce cabaret qui mit à l’honneur Joséphine Baker et programma avant tout le monde jazz et musique antillaise, tomba ensuite dans l’oubli avant de fermer pendant quelques décennies.
Le Montparnasse des années folles ressuscité avec la réouverture du Bal nègre
En 2012, un trader français de la City, Guillaume Cornut, rachète le lieu pour lui redonner vie. Aveuglé par ses passions mélomanes, le malheureux explique alors que ce nom de Bal nègre fait « honneur à la communauté antillaise, qui est très fière de ce lieu associé à une période heureuse ». Il n’en fallait pas plus pour tirer sur le pianiste.
#NonAuBalDesColons
Une pétition en ligne baptisée #NonAuBalDesColons !, forte de plus de 7 000 signatures, lui intime l’ordre de[access capability= »lire_inedits »] « renommer cet endroit et d’ôter toute référence tendant à faire croire que l’exploitation des victimes de l’esclavage et de la colonisation était une période heureuse qui devrait faire l’objet d’une célébration, fût-elle nostalgique ».
Diplomate ou philosophe, et refusant de controverser avec ce collectif sur le concept de « nostalgie » ou de « période heureuse », le nouveau propriétaire fouille dans les archives et découvre – heureusement pour lui – que son bistrot se nommait à l’ouverture, en 1924, le « Bal Blomet », du nom de la rue où il se trouve dans le XVe arrondissement. Personne ne l’a jamais su et l’Histoire ne l’a pas retenu, préférant l’exotique « Bal nègre » inventé par Robert Desnos, mais c’est désormais sous ce nom que nos folles années pourront en vivre de prétendument telles.
Au programme dès le mois d’avril : « Le Cabaret extraordinaire » et « Zorbalov et l’orgue magique », un « conte musical pour jeune public ». On espère que personne n’y trouvera rien à redire…
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