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Avis de beau temps sur Téhéran et Kaboul

Un billet de Dominique Labarrière


Avis de beau temps sur Téhéran et Kaboul
Image d'illustration Unsplash

Les Talibans, les ayatollahs, les maîtres de ces paradis du féminisme des cavernes que sont l’Afghanistan et l’Iran d’aujourd’hui peuvent pavoiser. Et avec eux tous ceux pour qui la place d’honneur et de droit de la femme est de demeurer enfermée entre ses murs ou sous ses voiles. Comment ne se réjouiraient-ils pas alors qu’ils sont en passe de se voir confortés dans leur obscurantisme par l’une des plus hautes autorités juridiques – et morales – de France ? La France, le pays des Droits de l’Homme où, en l’occurrence, on semble avoir oublié que la femme est un homme comme les autres. Et donc que ses droits y sont tout autant sacrés.

La légion d’honneur pour Clément Malverti…

Personnellement, si j’étais un dignitaire de cet obscurantisme – Taliban de premier rang, ayatollah en majesté – ce qu’à Dieu ne plaise- je me frotterais les mains et j’enverrais des tonnes de roses – d’Ispahan, par exemple – à Monsieur le Rapporteur public près le Conseil d’Etat. De surcroît, j’assortirais ce tsunami floral d’une proposition d’embauche au poste de chef suprême de la propagande politique et religieuse de toutes mes provinces. Car, en effet, je ne pouvais rêver meilleur allié que celui-ci dans ma croisade répressive contre ces bougresses de bonnes femmes qui, chez moi, prétendent s’affranchir des carapaces vestimentaires et de la soumission au patriarcat qui va avec. Partout, sur les écrans, sur des affiches et des panneaux 4×3, dans les gares, les écoles, les bazars, les prisons aussi – chez moi, il y en a beaucoup, on ne lésine pas là-dessus – j’exhiberais ces citoyennes de France, ces privilégiées de la laïcité, clamant leur joie devant ce qu’elles qualifient de victoire historique. Historique est le mot qui a été employé, répété à l’envi. Il faut dire qu’elles sont sur le point d’obtenir, en toute légalité bien sûr, l’autorisation de jouer au football sans avoir à se séparer du hijab.

À lire aussi, Céline Pina: Le Conseil d’État, l’atout juridique des islamistes

Je dois dire que Monsieur le rapporteur public du Conseil d’Etat m’aura positivement enchanté avec ses subtilités de soufi, distinguant les lieux et stades régis par la loi laïque et ceux relevant de la sphère privée et, conséquemment, de la liberté individuelle. Hijab interdit en équipe nationale, mais autorisé partout ailleurs… Jusqu’à ce que, bien sûr, cédant toujours davantage devant le flux montant, on en vienne à considérer qu’assujettir la liberté individuelle à la laïcité serait fort douteux sur le plan constitutionnel au motif que la Liberté est elle-même inscrite noir sur blanc dans la Constitution. Donc, moi, gourou comblé, sous mon turban et derrière ma longue barbe, je rigole. Les juges de mes tribunaux où se rend une justice des plus bienveillantes et d’une humanité exemplaire, se délectent tout autant. Pensez ! Envoyer les impudentes, les impudiques à la flagellation forts de la caution de la France, la République française, la perle du monde occidental, la Mecque de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, le phare humaniste du monde entier, ce Sinaï où furent conçues les lois sacrées de l’universalisme éclairé ! Quel triomphe !

… ou une présidence d’honneur !

Historique est bien le mot, en effet. J’y souscris pleinement ! Que depuis ce grand pays-là on en arrive, par l’exposition de ce merveilleux exemple, par cette prodigieuse avancée, à me donner quitus de ma politique répressive ne peut m’apparaître que comme un don du Ciel. Et que dire du silence des cohortes néo-féministes ! Pour un peu, je les enrôlerais toutes, toutes sans exception, dans la grande entreprise planétaire que, encouragé comme je le suis, je me propose de mettre en œuvre au plus tôt. Car il me semble être de mon devoir le plus élémentaire de prendre le relais de cet universalisme dont l’Occident et singulièrement la France s’arrogeaient jusqu’alors le monopole et qui, aujourd’hui me paraît bien mal en point. Cette entreprise planétaire, je pense l’appeler tout simplement : Hijab sans frontières. Et je compte bien que Monsieur le rapporteur public du Conseil d’État en acceptera la présidence d’honneur. Je ne peux faire moins, on en conviendra.

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernière parution : « Moi, papesse Jeanne », éditions Scriptus Malvas

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