Ce dimanche 2 avril, les Parisiens sont appelés à se prononcer pour ou contre les trottinettes électriques qui pourrissent leur quotidien. Et le pire, c’est que le «oui» pourrait l’emporter.
Alors que les habitants de certains arrondissements pataugent encore dans les ordures entassées par un maire de Paris atteint du syndrome de Diogène, alors que les rues de la capitale sont abandonnées chaque semaine à des meutes de jeunes assoiffés de dévastation et de pillage, quelle sortie nous propose de faire Anne Hidalgo en ce premier dimanche d’avril ? D’aller voter ! Ainsi l’Hôtel de Ville nous offre-t-il une « votation pour ou contre les trottinettes en libre-service ». Il est vrai que ça ne tombe pas au meilleur moment et que ça ne fait pas très plaisir de jouer le jeu de la municipalité, mais l’heure est si grave, qu’il faut accepter de le jouer.
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Black blocks ou pas, l’espace public parisien connaît un tel abandon, une telle anarchie, qu’il est nécessaire de saisir l’arme que nous tend la Mairie pour l’enrayer – un peu. Voter contre les trottinettes électriques en libre-service ne ramènera pas la civilisation dans nos rues mais permettra d’amoindrir l’anomie qui régit la capitale depuis l’accession au pouvoir de Mme Hidalgo. Les trottinettes blessent et tuent. Avec les vélos, elles sont à l’origine de centaines d’accidents chaque année, sur la chaussée comme sur les trottoirs. Que quelques enfants attardés mais dument casqués et assurés s’achètent un engin électrique ne gêne pas la collectivité, rien ni la loi ne les y en empêche. Mais que la Ville, par l’intermédiaire de sociétés privées, cautionne et encadre ce dangereux moyen de locomotion – au nom de cette si tendre « mobilité douce » – est inacceptable.
Mme Hidalgo aurait pu d’autorité – elle n’en manque pas, et en a le pouvoir – mettre fin aux concessions allouées à ces opérateurs de vilains deux-roues. Elle ne s’est pas gênée de le faire à l’été 2018 lorsqu’elle a voulu éradiquer les Autolib’ de la capitale. Ces voitures électriques en libre-service étaient un succès technique et populaire. C’est peut-être pour ça que Madame n’en voulait plus – de la même façon, elle a supprimé les Vélib’. Mais l’héritière de Bertrand Delanoë a peur de s’attaquer aux trottinettes. C’est cool une trottinette, ça fait d’jeunes. Aussi nous demande-t-elle de faire le sale boulot à sa place et de voter contre. Eh bien là, pour une fois, je l’avoue, j’accepte de faire ce qu’elle me dit : dimanche, j’irai voter contre !
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Il est urgent de transmettre le message, car, comme par hasard, concernant cette votation, la mairie de Paris ne communique pas beaucoup. Quelques affiches dans les rues, quelques petites phrases lâchées ici ou là… voilà à quoi se résume le plan comm’. Dans une boîte privée, les 400 personnes responsables de la communication d’Anne Hidalgo seraient déjà débarquées, d’autant que la patronne l’a dit: elle votera contre, mais personne le sait ! D’autant que dans le camp d’en face, on a sorti les grands moyens. Les opérateurs sur la sellette n’ont pas caché avoir graissé la patte des plusieurs « influenceurs » pour marteler à leurs millions de jeunes décérébrés de « followers » sur TikTok et Instagram que dimanche, il faut voter « oui » ! Voilà dans quelles mains se trouve le sort de Paris. C’est pourquoi il est impératif d’aller voter, avant ou après le gigot dominical. Les bureaux seront ouverts dans chaque mairie d’arrondissement, de 9h à 19h.
Et parce qu’il est bon de rêver, rêvons. Les Parisiens pourraient être inspirés par le procès en légitimité qui est actuellement fait à Emmanuel Macron. En proportion, la maire de Paris a été réélue avec beaucoup moins de voix que le chef de l’État. À quand une votation pour ou contre Hidalgo ?
Toutes les infos sur la tenue de la votation sur www.paris.fr
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