Alors qu’avaient lieu aujourd’hui les commémorations des 80 ans de la libération du camp de concentration nazi d’Auschwitz, nous avons recommencé à faillir, estime notre chroniqueuse. L’Occident n’a pas été capable de dénoncer unanimement le 7-Octobre pour ce qu’il est, ni de se tenir aux côtés d’Israël dans une guerre légitime contre le Hamas.
Quand Hans Jonas publie en 1984, Le concept de Dieu après Auschwitz, il se pose une question fondamentale face au mal absolu : Quel Dieu a pu laisser faire ça ? Il y répondra en faisant l’hypothèse d’un Dieu dont la création est à la fois puissance et abandon. La puissance divine est contenue toute entière dans la création. Pour créer, le Dieu de Jonas renonce à toute prise et toute emprise et abandonne toute capacité à intervenir. C’est donc l’homme qui est responsable de la beauté du monde et a la charge de son devenir.
Dans ce cadre, de quoi Auschwitz est-il aujourd’hui le nom? Témoignage un des mieux conservés de l’horreur nazie, Auschwitz c’est d’abord une présence physique : des bâtiments vides pour un million de fantômes, tous juifs. Ce nom est devenu le symbole de la Shoah et du mal absolu, il a dépouillé l’espèce humaine de toute prétention à l’innocence ou à la pureté. Mais avant il induisait aussi un engagement collectif. L’horreur partagée par tout l’Occident face au crime contre l’humanité commis par les nazis avait accouché d’une promesse : « Plus jamais ça » et cette promesse était censée vivre grâce au travail de mémoire et de connaissance. Nous, Occident, avions pris conscience de la lâcheté collective qui avait rendu une telle tragédie possible et de la médiocrité des politiques dont l’absence de courage avait mené au déchainement de la haine antisémite.
L’antisémitisme est de retour
C’était la part de consolation
