Aurélien Bellanger a écrit un long tract qui ravit les Frères musulmans. Le tract en question s’intitule Les Derniers jours du Parti socialiste et dénonce les intellectuels de gauche qui, selon l’auteur, se sont rangés du côté de l’extrême droite en devenant « islamophobes » et racistes. Succès assuré dans les mosquées. Y proposera-t-il des dédicaces ?
Romancier et essayiste, Aurélien Bellanger est également chroniqueur sur la radio publique et a par conséquent pu bénéficier d’une belle publicité, le même jour, lundi 26 août, sur France Inter puis sur France Culture. Les Derniers jours du Parti socialiste (Éditions du Seuil) sont une charge haineuse contre le Printemps républicain et l’un de ses fondateurs, Laurent Bouvet (mort en 2022) – alias Grémont dans le livre –, ainsi que contre deux intellectuels qui ont, selon l’auteur, mal tourné : Michel Onfray – alias Frayère – et Raphaël Enthoven – alias Taillevent.
Toutes ces personnes auraient trahi la gauche en utilisant le concept de laïcité pour faciliter l’émergence de l’islamophobie : « Il y a une islamophobie extrêmement forte qui travaille la société française, une islamophobie qui est devenue, de passion populaire, une passion d’intellectuels. L’islamophobie, aujourd’hui, quand on allume un certain nombre de chaînes de télévision, est extrêmement présente sur les plateaux, et c’est une anomalie. La société française est malade de cette islamophobie et des personnes l’ont volontairement attisée », affirme M. Bellanger sur France Inter. De plus, continue de divaguer ce dernier, le Parti socialiste serait mort étouffé par « une laïcité dévoyée et la réinvention d’un racisme à gauche ». Il fallait y penser !
Le jour de la rentrée et au lendemain d’un attentat islamiste contre une synagogue, la radio publique ouvre son micro à la dénonciation de l’ « islamophobie »…
L’idéologue militant ayant pris le pas sur le romancier, il est advenu ce qui devait advenir : le livre est écrit avec les pieds, loin des influences houellebecquienne et balzacienne dont se réclame l’auteur, et n’est qu’une succession de remarques crasseuses à l’encontre des susnommées. Le style imite tantôt celui du tweet qui se veut subtilement ravageur mais n’est en vérité qu’une grossière charge insultante ; tantôt celui d’un écrivain en herbe pastichant les expressions plates et sociologisantes d’Annie Ernaux ou s’exerçant, à la manière d’un journaliste de Libération, à empiler sèchement des pseudo-vérités politiques ou intimes sur telle ou telle personnalité honnie. L’imitation est au demeurant réussie : l’ensemble de l’œuvre est d’un ennui incommensurable, idéal en cas d’insomnie.
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Si, sur France Inter, Sonia Devillers a tenté de mettre en porte à faux Aurélien Bellanger et ses accusations de racisme concernant Philippe Val, Michel Onfray ou Raphaël Enthoven – dans ce dernier cas, il n’est pas impossible que les relations conjugales du co-fondateur du journal Franc-Tireur avec la directrice de la station de radio publique, Adèle Van Reeth, aient pesé dans la balance – il n’en a pas été de même sur France Culture où Lucile Commeaux a encensé le roman de M. Bellanger dans lequel elle a cru déceler une « teneur ludique » et « une forme de lyrisme bienvenue » qui font qu’on lit ce roman « comme un bon Club des cinq ». Ayant lu dans ma prime jeunesse tous les tomes de cette merveilleuse série littéraire pour enfants, je puis affirmer que le style et les intrigues de ceux-ci sont incomparablement supérieurs au manuscrit lourdingue d’Aurélien Bellanger – du moins dans leur version originale. Les misérables versions expurgées qui ont vu le jour il y a quelques années présentent en revanche de grandes similitudes avec le travail de sabotage du style et de l’imagination du même Aurélien Bellanger.
Arnaud Viviant, critique littéraire d’extrême gauche officiant sur France Inter dans l’émission Le Masque et la Plume, a rendu compte du roman de M. Bellanger sur le site de la revue d’extrême gauche Regards. Dans une langue qui se prétend « inclusive », il gribouille : « Un mot sur l’auteur pour celleux qui ne le connaîtraient pas encore » – avant de qualifier l’œuvre de l’auteur en question de « balzacienne » puis d’affirmer, avec une petite idée derrière la tête que je vous laisse deviner, que si cet auteur n’a pas la « force romanesque » d’un Houellebecq, il est « plus dense, plus cérébral, beaucoup plus structuré et pertinent politiquement que l’auteur de Soumission ». M. Viviant a été d’autant plus enthousiasmé par le roman de M. Bellanger que lui-même se souvient s’être « méfié а la naissance du Printemps républicain après avoir appris que, parmi les fondateurs du mouvement, il y avait Marc Cohen », lequel, « devenu rédacteur en chef de Causeur, allait publier le manifeste du Printemps républicain, conjointement avec Marianne ». Effectivement, ça fait froid dans le dos ! Comme l’auteur des Derniers jours du Parti socialiste – qui fait dire à son personnage Sauveterre (double de lui-même) que la conception de la laïcité de Grémont-Bouvet « cache quelque chose d’obscurément fascisant » – M. Viviant n’a pas de mots assez durs contre CNews ou les « éditos “d’extrême droite moins une” de Philippe Val sur Europe 1 ». Comme Annie Ernaux – qu’il admire et avec qui il partage un attrait pour une écriture inclusive qui serait « un formidable défi littéraire posé aux écrivains » – le critique n’a jamais caché son tropisme mélenchonien. Un livre dézinguant salement un mouvement politique de gauche mettant en cause les nouveaux dogmes immigrationnistes et islamo-compatibles de l’extrême gauche ne pouvait que le réjouir. Le style littéraire n’a ici aucune importance – seule compte l’objectif idéologique qui est de laisser croire que le concept de laïcité n’est plus qu’un outil sournois pour légitimer le racisme et l’islamophobie en France.
« Islamophobie » : un mot piégé
Aurélien Bellanger, sous couvert d’une œuvre romancée, reprend à son compte la notion d’islamophobie pour balancer la « mauvaise gauche ». Les ressorts de cette notion ont été parfaitement démontés par Philippe d’Iribarne dans son essai paru en 2019, Islamophobie. Intoxication idéologique : « Ce concept est un leurre, une illusion qui entretient le ressentiment au lieu de favoriser la concorde en faisant croire aux musulmans qu’ils sont des victimes systématiques et en les privant de leur sentiment de responsabilité. » Ce terme a été imposé en France par le Collectif contre l’islamophobie (CCIF), régulièrement dénoncé pour ses accointances avec les Frères musulmans et dissous par Gérald Darmanin en 2020. L’UE, gangrénée par des lobbyistes musulmans ayant appris à jouer avec nos règles démocratiques, a créé en 2015 une Commission européenne contre l’islamophobie. L’ONU de M. Gutteres a accouché d’une Journée internationale de lutte contre l’islamophobie. Les Frères musulmans se réjouissent d’avoir des alliés aussi idiots et visiblement prêts à subir toutes les humiliations inhérentes à leur statut de futurs dhimmis. Autre exemple : la marche contre l’islamophobie organisée en France en 2019 durant laquelle Jean-Luc Mélenchon et la majorité des députés LFI se tenaient aux côtés du CCIF, de Marwan Muhammad et de ses affidés hurlant des « Allahou Akbar » en rafale à… cent mètres du Bataclan ! Depuis, Rima Hassan est devenue l’égérie des Insoumis et les actes antisémites n’ont fait que croître dans notre pays – mais ce sujet, comme celui des actes de vandalisme se multipliant contre les édifices chrétiens, n’intéresse absolument pas M. Bellanger.
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Le discours de l’islamophobie est un discours victimaire et essentialiste qui ne correspond à aucune réalité dans les sociétés occidentales. Il est un mensonge qui nuit aussi bien aux pays d’accueil qu’aux immigrés désireux de se fondre dans ces pays mais qui, rebutés par la faiblesse et la lâcheté de sociétés incapables de prolonger le projet de civilisation d’un Occident qui jadis vénéra les concepts de liberté et d’égalité issus d’une histoire multimillénaire, peuvent finir par succomber aux appels de l’islam radical. Il est grand temps, écrit encore Philippe d’Iribarne, que les Français se reprennent et tiennent un discours de vérité aux musulmans vivant en France en leur disant fermement qu’ils n’ont « aucune chance de devenir des membres respectés s’ils restent étrangers à cette vénération. » Malheureusement, le discours de l’islamophobie n’a fait qu’encourager les nouveaux venus à se tenir à distance des règles sociales, politiques et coutumières d’un pays qui, par ailleurs, laisse des mœurs rétrogrades pénétrer en son sein et se plie aux demandes des représentants d’un islam n’ayant jamais caché son projet conquérant. Tous les « accommodements » que les sociétés occidentales acceptent au nom de la lutte contre l’islamophobie sont considérés par les islamistes comme une victoire absolue, par les musulmans dans leur ensemble comme la preuve d’un abandon des valeurs qui ont forgé l’Occident. Les Frères musulmans constatent avec joie que le monde occidental, épuisé et haineux de lui-même, renie son histoire, sa culture et ses traditions, se vide de sa sève, s’affaiblit au point de devenir une proie facile. La Belgique, au bord de l’abîme, sera la première à tomber, selon eux. Mais tous les pays d’Europe de l’Ouest et du Nord sont concernés.
Multiculturalisme, multiples problèmes
Récemment, en Angleterre, les plus douloureusement touchés par une immigration illimitée ont osé manifester suite à la mort tragique de trois fillettes tuées par un jeune Anglais d’origine rwandaise. Cette tragédie a réveillé l’horrible souvenir des réseaux de prostitution et de pédophilie organisés dans de nombreuses villes du pays par des hommes musulmans d’origine pakistanaise abusant sexuellement de très jeunes filles blanches (certaines des plus de 4000 victimes connues n’avaient que onze ans) issues de milieux sociaux défavorisés, réseaux qui purent prospérer pendant plus de vingt ans sans que les autorités, craignant d’être accusées d’islamophobie et de racisme, ne bougent le petit doigt. À quoi s’ajoute un communautarisme problématique, source d’une scission grandissante dans une société où la charia s’impose de plus en plus. Mais rien ne doit venir ternir le plan immigrationniste des élites européennes : les notions d’islamophobie et de xénophobie sont venues à la rescousse du nouveau gouvernement britannique et ont été relayées sans sourciller par les médias. Si des Anglais ont manifesté, ce n’est pas pour défendre leur pays contre une immigration posant de plus en plus de problèmes d’insécurité physique ou culturelle mais parce qu’ils sont islamophobes, racistes et d’extrême droite – telle a été la propagande déversée par les instances européennes et les médias mainstream. Telle est celle que répand Aurélien Bellanger à propos de cette partie de la gauche française qui ne veut pas fermer les yeux face au défi que représente une immigration musulmane qui ne se sent plus aucun devoir envers le pays qui l’accueille et ne rêve que de rejoindre les rangs communautaires prêts à en découdre pour imposer de nouveaux modes de vie régis par les lois coraniques. En manipulant, à l’instar des islamistes, le concept d’islamophobie, M. Bellanger se fait l’allié objectif des Frères musulmans qui l’ont imposé partout, sous toutes ces formes, dans le seul but de faire taire ceux qui dévoilent leur stratégie de conquête et d’infiltration. Malgré des travaux rigoureux, Alexandre Del Valle, Emmanuel Ravazi, Gilles Kepel ou Florence Bergeaud-Blackler, par exemple, n’ont pas échappé à l’accusation d’islamophobie, de xénophobie ou d’appartenance à l’extrême droite de la part des islamo-gauchistes politiques, médiatiques ou universitaires. M. Bellanger préfère bien entendu valoriser les discours d’Olivier Roy sur une supposée « laïcité idéologique et totalitaire » ou les diatribes de Rokhaya Diallo contre le « racisme systémique » qui sévirait en France.
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Charge idéologique grossière, style pauvre et imagination faiblarde font que le livre de M. Bellanger ne peut en aucun cas être qualifié de roman. En vérité, le livre de M. Bellanger est un tract. Un long tract politique. D’ailleurs, la revue politico-bien-comme-il-faut Télérama, enévoquant un« récit dénonçant le sabotage de la gauche par une poignée d’intellectuels peu scrupuleux de badiner avec l’extrême droite », vend la mèche malgré elle.
Ce pensum n’estni un roman, ni un récit. C’est un tract politique. Avec tous les défauts du tract politique : répétitif, ennuyeux, doctrinal, fastidieux, disgracieux. Le destin des Derniers jours du Parti socialiste est par conséquent tout tracé. Il est celui de tout tract politique qui se respecte et finit généralement dans les eaux sales d’un caniveau avant que d’aller pourrir dans les profondeurs d’un égout.
480 pages. Le Seuil.
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