Entre 1946 et 1949, le jeune Michel avait déjà le don de la formule dans ses chroniques cinématographiques aujourd’hui rassemblées. Redécouverte jouissive du critique qui a précédé le dialoguiste.
Oh qu’il était rosse, teigneux avec ce goût de la polémique, cette envie de dessouder les idoles du moment, les faux résistants et les profiteurs de guerre. Et puis ce sens de la formule assassine, ce don évident pour croquer la société minée d’alors. Il écrivait pour faire mal et blesser les médiocres. Se moquer des sentencieux aura été son occupation favorite durant toute sa vie.
Privé de carte de presse
Il faut dire que le jeune Michel Audiard n’est pas en odeur de sainteté en cette immédiate après-guerre, il est « privé de sa carte de presse pour avoir écrit dans des journaux collaborationnistes ». Peu importe, il écrira quand même sous différents pseudonymes. Jacques Potier lui servira de prête-nom dans L’Étoile du soir, journal issu de la clandestinité, à l’intérieur duquel il jouit d’une totale liberté d’expression. Audiard le reporter nous régale de bons mots et d’une connaissance assez experte du milieu, des productions françaises et américaines, des enjeux économiques, de la législation en vigueur et des freins à la création artistique.
Notre exception culturelle nationale était déjà sujette à des débats et des polémiques. Nos lignes Maginot de papier avaient bien du mal à contenir la pression venue des studios d’Hollywood. Toutes ses chroniques
