L’archéologie française se porte bien. Après la découverte inattendue d’un squelette de mammouth près de Meaux, sans que l’on sache si la malheureuse espèce doit son extinction à une carence en pains au chocolat, une autre espèce disparue refait surface. Avenue George V, dans le très huppé huitième arrondissement de Paris, un dinosaure natif de Smyrne est réapparu dans sa robe la plus parfaite.
Les plus séniles de nos aînés prétendent que cette espèce aujourd’hui quasi disparue aspirait à gouverner la France au début des années 1990, disputant la bannière de la rigueur économique à un certain Pierre Bérégovoy.
Avant sa campagne ratée de 1995 – être soutenu par Le Monde, TF1 et la Sofres, quelle déveine ! – Edouard Balladur arpentait les chaussées glissantes de la politique tricolore, incarnant un libéral-conservatisme bon teint, avec un style monarchique entre Louis XV (dont il était la réincarnation dixit l’extralucide Paco Rabanne, qui fut sa favorite dans une autre vie !) et Mitterrand.
Au cours de cette même ère glaciaire, Johnny Hallyday fêtait ses 50 ans au parc des Princes, le traité de Maastricht était adopté avec une majorité en carton-pâte et Michel Rocard claironnait : « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir: la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie » tandis que François Hollande et Michel Sapin annonçaient vingt années de prospérité et de plein emploi dans l’Europe réunifiée par le marché.
Ah, on savait rire au siècle dernier !
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