C’est chaque fois la même chose: dès les premières explosions à Paris, les figures autorisées de la vie médiatique ont commencé leur sermon: surtout pas d’amalgame entre l’islam et l’islamisme!
Alors qu’elles n’ont pour la plupart pas lu une ligne du Coran, elles ânonnent que l’islam est une religion de paix et que ce serait verser dans l’intolérance que d’oser nuancer cette affirmation.
Les morts gisaient encore sur le plancher du Bataclan qu’elles en rajoutaient: ce que nous devons redouter, c’est moins de nouveaux attentats qu’une réaction «populiste». On doit moins craindre les balles que la peur. Elles invitèrent nos sociétés à se garder de la tentation «islamophobe», qui consiste, on l’aura compris, à regarder l’islam autrement qu’avec des yeux de Chimène.
La faute à la France ?
Certains poussèrent même l’odieux jusqu’à mettre sur le même pied les «islamophobes» et les islamistes ou les «populistes» et les «terroristes». L’essentiel, c’est de créer une équivalence entre ceux qui attaquent et ceux qui se défendent pour se placer en surplomb, au nom d’un pacifisme moralisateur flattant leur sentiment d’être absolument vertueux.
Les belles âmes ont continué: certes, on doit pleurer les morts et vomir les assassins, mais la France en particulier et l’Occident en général ne l’ont-ils pas un peu cherché? N’ont-ils pas récolté ce qu’ils ont semé? Qui sème la guerre et l’exploitation récolte le djihad. En gros, les morts sont moins les victimes des assassins de l’État islamique que de leur propre gouvernement.
Dans le cas de la France, on l’accusera d’avoir créé les conditions du terrorisme en laissant en déshérence ses banlieues, même si depuis plusieurs décennies, elle engouffre des milliards pour les entretenir. Qu’importe aussi si ces banlieues pratiquent à son endroit une forme de séparatisme ethnoreligieux alimenté par des imams salafistes. Qu’importe la haine de la France.
La culture de l’excuse écrase tout. S’il arrive aux belles âmes de reconnaître péniblement que nous sommes en guerre, ils la définissent à leur manière: c’est une guerre entre l’humanité et le terrorisme. Mais ce dernier, il ne faudra jamais le caractériser en l’associant à l’islamisme même s’il s’en réclame ouvertement et s’en veut le bras armé dans la conquête de l’Europe.
On aimerait croire que ce discours, finalement, est minoritaire. Il l’est certainement chez le commun des mortels. On se fâche, un jour, de se faire accuser de mériter les baffes qu’on reçoit. Mais ce discours est dominant dans les médias. Il l’est encore plus dans les universités, surtout dans les départements qui prétendent réfléchir à la société. Or, une société pourrit par la tête.
Non coupable !
Qu’on se comprenne bien. Personne ne s’imagine que l’État islamique est le seul représentant de l’islam. Personne ne croit qu’un terroriste se cache derrière chaque musulman ou réfugié syrien. Et il va de soi que l’immense majorité des musulmans a été horrifiée par les attentats. Personne ne croit non plus que l’Occident soit sans faute ni reproche.
Peut-on néanmoins en finir avec l’entreprise de culpabilisation des peuples occidentaux? Peut-on se délivrer du désir pervers de se vouloir à tout prix coupable du mal qu’on subit? Surtout, est-il possible, devant ceux qui n’en finissent plus de faire le procès de l’Occident, de répondre simplement: non coupable.
Retrouvez cet article sur le blog de Mathieu Bock-Côté.
*Image: wikicommons.
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