2016: des raisons d’espérer


2016: des raisons d’espérer

attentats Nouvel an 2016

Hier soir, alors que je promenais ma chienne, Gala, – un carlin noir de 4 ans, plus 5 kg si j’en crois sa dernière pesée chez le vétérinaire de l’avenue Kléber –, une jeune femme qui passait à côté de moi parlait avec fébrilité à son Smartphone. « Depuis le début de cette semaine, disait-elle, j’ai moins peur, je pense moins aux attentats. Je ne prends plus le bus ni le métro, mais… » Je n’ai pas pu entendre la suite. Elle s’était éloignée pendant que ma chienne me retenait cloué au pied d’un arbre où la brave bête faisait ce que j’attends qu’elle fasse à cet endroit. Je crois, néanmoins, avoir compris le sens général du discours de la demoiselle. C’est la guerre, on tue en terrasse et dans les salles de concert, et nous avons peur.

Quelle erreur ! Admettons que politiques et journalistes ne font rien pour nous apaiser, ces temps-ci. Et que dire des Finkielkraut et des Lévy qui, entourés de leur bruyante clique de crypto-fascistes, voudraient nous obliger à voir ce que l’on voit ? Que mes collègues de Causeur me pardonnent, je vais, contrairement à eux, essayer de soulager les nerfs de nos chers lecteurs. Amis lectrices, amis lecteurs, les djihadistes vous font peur ? Calmez-vous, vous avez toutes les chances d’échapper aux tirs fruités de leurs kalachnikovs. Pour ne pas avoir affaire à eux, des techniques simples et très efficaces existent. Les voici :

1-Faire un AVC (32.500 décès par an) ou un infarctus (18.000 décès).

2-Avoir un cancer incurable (le cancer du poumon fait à lui seul 30.000 morts par an).

3-Si mourir d’une maladie trop répandue vous répugne, tranquillisez-vous : les maladies rares et rapidement mortelles sont nombreuses, beaucoup plus que vous ne l’imaginez. La maladie de Charcot, par exemple, avec son petit millier de morts chaque année, pourra vous satisfaire. Il y a mieux encore : Creutzfeldt-Jakob. On compte moins d’une centaine de décès annuels. C’est la maladie chic et snob par excellence.

4-Pour les plus jeunes, moins concernés par les pathologies évoquées plus haut, pas de raison de s’inquiéter pour autant : des leucémies, des lupus incurables, des méningites aiguës et même des tumeurs cérébrales les attendent.

5-Quant à vous, mesdames et messieurs les vieillards, dites « merde ! » à votre médecin et à France Télévisions : ne vous vaccinez pas contre la grippe. Avec un peu de chance, malgré le réchauffement climatique, l’hiver sera rude et, comme l’année dernière, la grippe tuera 18.000 veinards.

6-Dépressifs, mes frères, vos amis et vos parents se font du souci pour vous. N’attendez plus : suicidez-vous.

7-Fumeurs, fumez. Alcooliques, buvez. Toxicomanes de tous les pays, droguez-vous.

Pour ceux qui sont aussi allergiques à l’État islamique qu’aux maladies, des solutions de secours existent. Vous pouvez :

8-Avoir un accident de voiture (plus de 3.000 morts en 2014). Profitez-en, cette année, la mortalité au volant est à la hausse. Un conseil : roulez systématiquement à plus de 150 km/h. Ne faites aucun blessé, seulement des morts. Merci pour eux.

9-Vous écraser en avion. Les accidents sont rares, mais gardez confiance. Quand vous montez dans l’appareil censé vous emmener à Ibiza, n’oubliez jamais que vous avez plus de chance d’en sortir écrabouillé (1 chance sur 5.000.000) que de remporter l’Euromillions (1 chance sur 116.000.000). Évidemment, l’État islamique pourrait être impliqué dans ce genre d’accident, et vous mourrez sans en avoir le cœur net. Pensez à vos proches, cependant. Quand ils apprendront qu’il ne s’agissait que d’un défaut matériel ou d’une erreur humaine, ils seront soulagés de savoir que vous n’êtes pas mort à la guerre.

10-Faire une fausse route (4.000 morts par an). Mort peu glorieuse, mais efficace. À ranger dans le rayon des accidents domestiques qui, chaque année, font 12.000 victimes.

Bien d’autres solutions existent : se faire battre mortellement par son épouse ou époux, être égorgé par un chien, être victime d’une dissection aortique ou d’une rupture d’anévrisme, tomber dans les escaliers du métro, que sais-je encore ? Je ne peux pas toutes les énumérer. Et, soyons francs, malgré leur nombre incalculable, le risque que vous vous retrouviez face à un djihadiste persistera toujours. Auquel cas, ne dramatisez pas, rien ne dit que vous en mourrez. Peut-être perdrez-vous un bras ou une jambe, mais ces choses-là allant par paires, vous apprécierez d’autant mieux le membre qui vous reste. Ne dramatisez pas non plus si vous perdez vos quatre membres. Pour peu que vous soyez au chômage, adieu trapèze, mais quelle carrière d’homme-tronc s’offre à vous !

Alors, amis lectrices, amis lecteurs, rassurés ? Non ? Moi non plus. La vie, la mort, voyez-vous, c’est la punition des spermatozoïdes carriéristes.

*Photo : Wikimedia Commons.



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