(Avec AFP) – Manuel Valls a recensé pas moins de cinq attentats déjoués ou évités – tel que le projet d’attaque contre les églises de Villejuif – depuis 2013. Parmi les djihadistes arrêtés avant d’avoir pu commettre leurs méfaits, on trouve Ibrahim Boudina, un jeune Cannois, rentré début 2014 de l’Etat islamique, avec, pensent les enquêteurs, le projet d’attaquer le carnaval de Nice. De même, Lyes Darani, un employé des pompes funèbres de Maubeuge, avait été arrêté en octobre 2013, deux mois après son retour du même Etat fantoche, à cheval sur l’Irak et la Syrie.
Mais un autre profil mérite de retenir l’attention des médias et autres spécialistes du djihadisme : en juillet dernier, Mohamed O., 20 ans, un jeune homme sans histoires de Créteil, a été incarcéré peu après son retour de Syrie pour avoir fomenté des attaques terroristes contre des mosquées… chiites de la région parisienne. L’individu, qui n’aura passé que quelques semaines dans un camp de l’Etat islamique entre avril et juillet 2014, aurait planifié une attaque similaire au Liban en juin, avant que des difficultés logistiques n’entravent son funeste dessein. Comme Sid Ahmed Ghlam, Mohamed O. serait resté en contact avec un membre de l’E.I qui l’aurait encouragé dans ses velléités terroristes. Des plans d’édifices religieux chiites de Paris et Créteil avaient été retrouvés à son domicile, permettant à la DGSI de le confondre avant de le mettre hors d’état de nuire en le confiant aux bons soins de la police.
D’étranges similitudes rapprochent donc l’affaire de Villejuif du précédent de Créteil : dans les deux cas, un djihadiste comptait prendre pour cible le lieu de culte d’un « impie » (chrétien) ou d’un « apostat » (chiite), en lien étroit avec un correspondant de l’Etat islamique. À ceci près que la surveillance puis l’arrestation du terroriste cristolien ne devait rien au hasard, contrairement au pataquès qui a finalement contrecarré les plans de Sid Ahmed Ghlam.
L’autre leçon de cette histoire, c’est qu’au même titre que les juifs, les chiites constituent une cible de choix pour les djihadistes, comme me le rappelait Samir Amghar, Mohamed O. s’étant d’ailleurs explicitement référé à Merah et Nemmouche en voulant s’en prendre à ses (faux) frères d’islam. Le Hezbollah d’un côté, Al-Qaïda et l’Etat islamique de l’autre, se livrent d’ailleurs une guerre de mots et de poudre sans merci.
Mais revenons à nos banlieues. À l’été 2014, les services disaient craindre que Mohamed O. « fragile et déterminé, qui voulait d’abord et avant tout s’affirmer »(sic) ne se radicalise encore davantage en prison. D’aucuns nourriront la même inquiétude au sujet de Sid Ahmed Ghlam, une autre future chance pour la réinsertion…
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