Qui mène la danse ? l’Etat français, l’une des principales puissances économique et militaire de la planète, ou bien une bande de fanatiques islamistes capable de semer la terreur et la mort dans l’Hexagone avec des « armes par destination » obtenues par les terroristes sans la moindre difficulté : un couteau de cuisine pour ôter la vie à deux policiers, et un camion poids lourd de location pour foncer dans une foule de spectateurs d’un feu d’artifice de fête nationale ?
La réponse est évidente, et a été formulée dans la nuit du 14 au 15 juillet par François Hollande lui même : si l’on veut faire changer d’avis le président de la République (état d’urgence, plan Sentinelle) un bon attentat bien sanglant vaut mieux que cent manifs de la CGT.
Le 14 juillet à 13 heures, François Hollande nous explique qu’il n’est pas nécessaire de prolonger l’état d’urgence au delà du 26 juillet, puisque désormais nous disposons d’un arsenal législatif permettant de répondre au défi terroriste. Le dispositif Sentinelle, les gardes statiques de militaires devant les cibles potentielles devait être allégé de 10 000 à 7 000 hommes, il sera maintenu en l’état. Ce sont donc les membres, émules, séides de Daech qui définissent l’ordre du jour de l’Elysée, et non l’inverse.
Le message est passé : nul n’est plus, en France, à l’abri
Avec une habileté tactique éprouvée, ils ont laissé passer l’Euro de foot, populaire dans leur vivier de soutiens potentiels, pour frapper pendant le soupir de soulagement des responsables de la sécurité publique, en un lieu symbolique d’une civilisation et d’un mode de vie qu’ils exècrent, la Promenade des Anglais, haut lieu du tourisme international et de la dolce vita méditerranéenne;
Le message est passé : nul n’est plus, en France, à l’abri d’un acte meurtrier de ce genre, possiblement bricolé sans réseau ni logistique compliquée (l’enquête le dira), comme celui du Bataclan, mais simplement conçu et réalisé par un petit délinquant radicalisé en douce, même pas fiché S !
Face à cela, la capacité de protection des citoyens par les dépositaires de la violence légitimes (police, armée, justice, services de renseignement) n’est pas illimitée. Il semblerait même, à entendre tous les bons connaisseurs de ces institutions, qu’elles soient « au taquet », malgré les renforts, en hommes et en matériel qu’elles ont reçu depuis les attentats de 2015.
Le discours de François Hollande et du gouvernement s’est, jusque-là, limité à montrer au peuple qu’ils sont déterminés à mettre tous les rouages de l’Etat en mouvement pour combattre la barbarie, à l’extérieur, comme sur le territoire national. Mais comme disait jadis (maladroitement) Lionel Jospin confronté à des fermetures d’usines : « L’Etat ne peut pas tout ! » C’est encore plus vrai dans le domaine de la sécurité que dans celui de l’économie.
La tentation des accommodements et de la soumission…
Deux voies s’offrent alors aux gouvernants pour cesser d’être le jouet de nos ennemis.
La première consiste à renoncer à combattre frontalement le djihadisme sur ses terres (Syrie, Irak, Mali, etc.), et à procéder, à l’intérieur, à quelques « accommodements raisonnables » avec une pratique de l’islam heurtant, à ce jour, les sensibilités laïques (acceptation du port du voile intégral, non mixité des piscines, examens des femmes pratiqués seulement par des médecins femmes…). Ainsi, on serait à l’abri de la rage islamiste radicale. Cette tentation est déjà bien présente dans une partie de l’opinion. Elle a déjà son slogan (« Vos guerres, nos morts ! »), son barde (Edwy Plenel), son « sage » institutionnel (Jean-Louis Bianco), président d’un Observatoire de la laïcité qu’il a privatisé au service de sa conception quiétiste de l’affrontement avec l’islam radical de toutes obédiences ! L’itinéraire de la soumission est pavé de bonnes intentions, et séduira d’autant plus de gens que les chemins de la résistance étatique se révéleront des impasses.
Le courage, aujourd’hui, exige que nos gouvernants, et l’ensemble de ceux qui aspirent à nous diriger, s’appuie sur une société capable de se mobiliser, voire de sacrifier une partie de son hédonisme individualiste (ils sont plus nombreux qu’on ne le pense en haut lieu). Un appel doit être lancé à chacun, quelque soit son origine ou ses croyances, pour s’engager dans un combat de civilisation, en ayant conscience que le djihadisme ne sera pas éradiqué avant 2017, qu’il persistera même si Mossoul est reprise à Daech, ou que tel ou tel chef est tué par une frappe ciblée. La détection précoce de la dérive islamiste ne sera efficace que si elle n’est pas polluée par les balivernes bêlantes du « vivre ensemble » faisant la part belle à l’indulgence croissante face à la multiplication des incivilités de tous ordres, dont les auteurs sont connus et repérés, et qu’on laisse faire, par peur d’être taxé de racisme.
On ne laisse rien passer, ni en classe, ni dans les hôpitaux, ni dans les piscines, et l’on accueille à bras ouverts tous ceux qui s’engagent résolument dans la lutte contre les barbares, même si l’un d’entre eux habite la porte à côté. Sinon, attendez-vous à voir Marine Le Pen en tête, non seulement du premier tour de l’élection présidentielle, mais aussi victorieuse au second.
Attentats de Nice et Saint-Etienne-du-Rouvray, par magazinecauseur
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