A peine Causeur a-t-il révélé que les époux Vannier, dont la fille Cécile a perdu la vie à 17 ans dans un attentat perpétré par Al-Qaïda au Caire le 22 février 2009, avaient été reçus à l’Elysée le 10 avril, que les choses s’accélèrent.
Jean-Pierre Picca, conseiller « Justice » au Château a rendu compte de cet entretien à Nicolas Sarkozy, lequel semble décidé à taper fort. Trois ans après les faits, le décès de Cécile et ses 24 camarades blessés, l’enquête est toujours au point mort. Pourtant, plusieurs suspects dont une Française ont été identifiés et appréhendés avant d’être relâchés. Tous sont membres ou proches du groupe Jaysh al-Islam (L’Armée de l’Islam), basé à Gaza, qui se revendique d’Al-Qaïda.
« Président jusqu’au bout », ainsi qu’il s’y est engagé, Nicolas Sarkozy va prochainement envoyer une lettre officielle aux autorités égyptiennes. Malgré le ton diplomatique de rigueur, les demandes y seront précises et fermes afin de mettre le Conseil suprême des forces armées, qui assure la transition post-Moubarak, devant ses responsabilités. Exigeant une coopération judiciaire totale , Nicolas Sarkozy va d’abord s’enquérir du devenir de la commission rogatoire internationale émise par le juge antiterroriste Yves Jannier. Sans s’immiscer dans une affaire en cours, l’Elysée entend qu’il soit ainsi donné suite aux demandes du magistrat français.
La missive élyséenne devrait aussi s’enquérir du sort des deux commanditaires présumés de l’attentat et plus particulièrement d’un dénommé Khaled Moustafa, tenu pour être l’un des chefs de l’Armée de l’Islam. Il avait été arrêté en Egypte avec plusieurs de ses acolytes, tous relâchés malgré les charges pesant sur eux.
Enfin, la lettre circonstanciée devrait exiger que soient communiqués à la justice française les résultats complets de l’enquête technique réalisée par la police égyptienne. Pour l’heure, des questions restent en suspens quant aux modalités de l’attentat et à l’explosif utilisé. Les seules données dont dispose le juge proviennent des analyses pratiquées par les services français, notamment sur les victimes. Un peu mince comme indice.
Du côté des parties civiles[1. Les parents de Cécile, Catherine et Jean-Luc, mais aussi ses camarades blessés], la démarche du Président suscite un mélange d’attentes et d’espoir. Jusqu’alors, ils avaient le sentiment d’être quelque peu oubliés. « Dommage, tout de même, qu’il ait fallu attendre si longtemps et le contexte de l’élection présidentielle pour que les choses bougent au plus haut niveau de l’Etat, . Que de temps perdu ! » déplore l’un d’eux.
Reste à savoir quel sera l’impact sur les autorités militaires cairotes de la lettre de Nicolas Sarkozy. En Egypte, des élections présidentielles devraient se dérouler au mois de juin, au plus tard en septembre. A ce moment là, le président français nouvellement élu – ou réélu – devra peut-être reprendre la plume pour une piqûre de rappel…
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