Une Peugeot 607 stationnée deux heures durant jeudi au milieu de la rue de la Bûcherie avec une bonbonne de gaz bien visible sur le siège arrière sans attirer l’attention: vers 1h30 du matin, rien de plus normal, n’est-ce pas! D’ailleurs qui fréquente la rue de la Bûcherie à cette heure hors quelques fidèles attardés de la librairie Shakespeare &Company (ouverte jusqu’à 23h) et un ou deux cafés proches? Plusieurs appels téléphoniques auraient signalé le véhicule stationné au début de cette rue, en direction de la librairie. Peut-être n’était-il pas possible d’aller plus loin vu l’étroitesse de la voie et la panique des terroristes ayant provoqué une tentative de mise à feu intempestive.
Cibler les chrétiens d’Orient?
L’objectif véritable de ces dernières n’est pas très évident. On a parlé, comme cible initiale, de la Tour Eiffel et de leur fuite précipitée à la suite de l’apparition d’un policier en civil. Lieux un peu loin de la rue de la Bûcherie et de Notre-Dame… mais alors pourquoi, si la cathédrale était visée par défaut, ne pas s’être arrêtées rue du Cloître Notre-Dame, fort peu passante à cette heure ? Pourquoi rue de la Bûcherie? La librairie américaine Shakespeare &Co pourrait-elle avoir été un des objectifs? C’est douteux bien que les penseurs de Daech, ayant fait leurs études avant que Vallaud-Belkacem y mette de l’ordre, puissent en vouloir à l’auteur d’Othello.
Reste une troisième hypothèse. À deux pas, se trouve l’Église Saint-Julien le Pauvre, au n° 1 de la rue du même nom, perpendiculaire à la rue de la Bûcherie. C’est une charmante petite église qui ne fait aucune ombre à son vis-à-vis Notre-Dame située à bonne distance de l’autre côté de la Seine et des quais. Il s’agit d’une église de rite grecque-melkite catholique. Le chef de cette Église porte le titre de patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem. Il réside à Damas. Chrétiens d’Orient donc, à l’ombre jusque-là conciliante de Bachar Al-Assad.
Si la voiture des folles d’Allah —dont le public (et les journalistes ?) ne connaissait jusqu’à ce dimanche que les prénoms[1. Leurs noms patronymiques n’ont été révélés que par le Journal du Dimanche. Sauf peut-être celui d’Inès Madani, ils n’ont rien d’oriental. Elles étaient toutes fichées S.] — avait explosé rue de la Bûcherie, la célèbre librairie américaine et la petite église des Chrétiens d’Orient auraient été aux premières loges. Aussi est-il remarquable que la presse n’ait parlé du lieu de stationnement de ce véhicule aux intentions criminelles que par rapport à sa proximité avec Notre-Dame, alors que cette dernière en est assez éloignée (entre les deux lieux: la voie sur berge, la Seine, le parvis de la cathédrale) : France 24, « Cinq femmes mises en cause dans la tentative d’attentat de Notre-Dame de Paris… » Le Monde, « Une Peugeot 607 abandonnée en plein Paris…. », Libération titre : « Des bonbonnes de gaz découvertes dans une voiture près de Notre-Dame-de-Paris ». Le Figaro : « L’enquête éclair déclenchée après la découverte dimanche à 3h30 du matin d’une Peugeot 607 piégée aux abords de Notre-Dame à Paris. »
Et il faut attendre dans le même journal une interview du criminologue Alain Bauer pour que soit nommée la rue de la Bûcherie, sans d’ailleurs que rien ne soit dit quant aux deux lieux précédemment évoqués. Ah, mystère quand tu nous tiens!
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