L’attentat contre Charlie Hebdo est un événement majeur de notre Histoire nationale. Car au-delà de l’horreur et de la consternation qu’il inspire, il aura des conséquences incalculables dans la cohésion de notre vie nationale.
Pour s’en convaincre, il suffit d’en parler autour de vous, d’interroger quelques amis et de bien écouter. Vous remarquerez alors que les gens se répartissent en deux camps bien tranchés :
– ceux qui sont légitimement inquiets qu’en 2015 des activistes islamistes terrorisent ainsi la liberté d’expression
– et ceux qui s’empressent de relativiser cet acte odieux et en rejettent la responsabilité indirecte sur les prétendus islamophobes (je l’ai entendu et j’ai même entendu un de mes amis me dire tout de suite après l’attentat « nous les chrétiens, nous avons fait la même chose ! » et de stigmatiser Houellebecq…)
Nous sommes donc à un tournant où notre société civile va cristalliser une « guerre civile larvée », non pas entre chrétiens et musulmans, mais entre ceux qui dénoncent l’emprise toujours plus forte d’un islam offensif et agressif et ceux qui voudront à tout prix le disculper au nom d’une prétendue culpabilité occidentale.
Je suis inquiet pour Zemmour et pour Houellebecq : dans les jours qui viennent il est fort à craindre qu’ils soient injustement désignés comme les responsables de cette situation. Non pas des attentats mais de la situation qui conduit à cet attentat. En fait on leur fera grief d’une situation qu’ils décrivent et dont nous sommes tous victimes. Le messager des mauvaises nouvelles est souvent le premier accusé. Et je tremble aussi pour leur vie, car après les journalistes de Charlie Hebdo, ils doivent se sentir aussi particulièrement en insécurité.
C’est bien la liberté de penser et d’écrire qui est en jeu ici . Houellebecq est là pour nous rappeler que ce qui nous menace tous, c’est de nous soumettre à cette pensée qui consiste à relativiser les choses et à faire des victimes des coupables et des bourreaux les vengeurs d’une prétendue injustice.
Il n’y a pas d’injustice dans cette affaire. Il y a un attentat barbare contre des hommes libres, qui parlent librement et qui veulent vivre librement. Ceux qui crient Allahou Akbar veulent les soumettre à un nouvel ordre moral où il sera interdit d’émettre le moindre jugement négatif sur une religion, l’islam en l’occurence. Et notre société va se cliver sur cette ligne de fracture.
Dans les jours qui viennent, nous allons tous pouvoir compter nos amis. Et ceux de la liberté, contre ceux de la soumission.
Notre émotion sincère va vers tous ceux qui sont en affection avec les victimes de cet attentat.
Faisons-leur honneur.
*Photo : Thibault Camus/AP/SIPA. AP21674742_000029.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !