Dans La France au miroir de l’immigration, publié par Gallimard, Stéphane Perrier dresse le bilan de quarante ans de politiques migratoires. Chiffres à l’appui, il montre comment nous avons renoncé à l’idée de nation et cédé aux sirènes du multiculturalisme.
Causeur. Avant toute chose, entendons-nous sur votre objet d’étude. De quelle immigration parlez-vous : le flux de nouvelles arrivées chaque année ou le stock d’immigrés anciens, dont beaucoup sont devenus de nouveaux Français ? Et qu’en est-il de leurs enfants ?
Stéphane Perrier. Je me réfère à l’INSEE : « Selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l’Intégration, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Les personnes nées françaises à l’étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées (…) La qualité d’immigré est permanente : un individu continue à appartenir à la population immigrée même s’il devient français par acquisition. » Les deux premiers chapitres de mon ouvrage visent à décrire l’évolution, au cours du dernier demi-siècle, des caractéristiques – quantité, motif et origine – de nos flux d’immigration, et l’impact de cette évolution sur l’intégration des immigrés et enfants d’immigrés dans notre pays.
Dans les débats français sur l’immigration, deux camps irréductibles s’opposent : d’un côté les pourfendeurs d’une submersion migratoire continue depuis quarante ans, de l’autre ceux qui affirment que le niveau de l’immigration est constant. Or, vous leur donnez-vous tort à tous les deux.
Il y a de fortes exagérations des deux côtés. Si on regarde les chiffres de l’Insee sur une longue période,
