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Assez de festivophobie !


Photo : JournalDesVitrines.com

Les soldes ont commencé ! Chouette ! Voilà une bonne raison pour nous pencher un instant sur ce qui se porte en ce moment. Il semblerait que pessimisme et sinistrose soient le costume deux pièces incontournable pour démarrer 2012, sauf à vouloir se singulariser outrancièrement. La plupart des analystes politiques, dont notre ami Luc Rosenzweig, nous prévient gentiment des déboires qui nous attendent dans les mois à venir, taxant même d’hypocrites les parents, amis, voisins ou simples connaissances qui auraient l’outrecuidance ou l’inconscience de vous souhaiter une bonne année. Ce qui est assez rassurant puisque dans l’immense majorité des cas, les prévisionnistes, même les plus brillants, se trompent quasi systématiquement dans leurs pronostics de début d’année.

Reste évidemment à déplorer les imbéciles fêtes de fin d’année ! Ce n’est pas vraiment nouveau, mais ça se précise. Il y a déjà longtemps que l’on soupire, arborant l’air blasé ou supérieur de « celui à qui on ne la fait pas », que franchement, hein, s’amuser sur commande, c’est d’un con ! Pourquoi faudrait-il faire la fête à date fixe ? Noël, Nouvel An, etc, c’est d’un rasoir ! *Vive la spontanéité et l’imprévu ! Et puis ces courses épuisantes dans des magasins illuminés, pailletés, décorés, c’est d’un vulgaire ! Car les esprits supérieurs ne s’y trompent pas, tenez-vous bien : Toutes ces fêtes sont commerciales ! Héééé, oui, navrée de vous déciller les yeux. Romaric Sangars va plus loin encore, notant que le lien le plus ténu avec la nativité a disparu, emportant avec lui cette espérance de bon aloi lors du retour de la lumière et de la naissance du petit Jésus. L’homo occidentalis de fin d’année, fauché, n’est plus qu’un consommateur épuisé, abruti par sa propre consommation.

Vais-je toucher le fond de la réaction bourgeoise, traditionaliste et mémére ? Probablement. Car je goûte beaucoup les « fêtes de fin d’années », elles m’aident à traverser l’obscurité et me prennent par la main à l’entame de l’hiver. J’aime les boutiques bariolées, les avenues illuminées et les cartes de vœux. J’aime fêter Noël en famille et m’exploser en cuisine pour mitonner avec amour les chapons, crème d’huîtres, confit d’oignons, homards, bûches et macarons dont j’espère qu’ils raviront les papilles de ceux que j’aime. Et auparavant, j’adore faire patiemment les boutiques, même dans le froid, pour dégoter LE cadeau qui va surprendre, ravir ou séduire mes parents, conjoint, enfants, neveux, etc… C’est même un double plaisir ! Ha, la joie d’avoir enfin trouver l’objet rare que je sais convoité par ma sœur ! A cette joie se marie le plaisir enfantin des magasins habillés pour la circonstance, les savants emballages cadeaux, la musique naïve et entêtante. La ville a enfilé ses bas résilles et se drape dans son boa et j’aime ça !

J’aggrave mon cas puisque je remets le couvert au Nouvel An où je me plais à convier les amis qui me sont chers. La table scintille, les plats rutilent, et malgré mes talons de 12 cm, je ne sens pas la fatigue en préparant mes écrevisses, foie gras, dinde et marrons glacés. Je suis heureuse d’avoir réussi ma bisque et imagine déjà les regards approbateurs de mes invités. La fête commence. J’aime les rires qui fusent si facilement grâce au champagne, la gentillesse de rigueur, les conversations pétillantes, les embrassades de minuit, voir chacun sur son…31 !

Evidemment, j’ai le portefeuille anorexique après ces agapes ! Et malheureusement, il est bien le seul à être anorexique ! On se réveille un peu hébété. La fête est finie. Vient janvier et la fin des libations. Mais nous avons fait provision de plaisir et peut-être de bonheur, en tout cas de gaîté.

Alors entre les laïcards et les Musulmans qui veulent supprimer Noël et les intellectuels conscientisés qui condamnent ces fêtes sans âmes et obligatoires, je fais de la résistance[1. Et je précise à mes amis français qu’ils seraient malvenus de se plaindre, les Belges, Hollandais, etc se farcissant, eux, la Saint-Nicolas en prime !]. D’autant plus volontiers que, qu’on le veuille ou non, il est tout de même infiniment plus compliqué de trouver un rôti de canne farci à la purée de morilles au mois de juin.

Mes chers Luc Rosenzweig et Romaric Sangars, dans peu de temps, j’en serai à la confection des frangipanes. Puis-je vous proposer de vous joindre à nous pour tirer les rois ? Promis, on parlera de l’euro qui fout le camp et de la perte des valeurs chez nos contemporains infantilisés.

Ca marche ?



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Romancière et scénariste belge, critique BD et chroniqueuse presse écrite et radio. Dernier roman: Sophonisbe.

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