Horreur à Cessac! Des artistes tranquillement installés dans la ruralité voient d’un mauvais œil le nouveau permis de construire accordé à la porcherie voisine…
Le centre d’art qui préférerait une agriculture… conceptuelle
Boisbuchet est un centre d’art situé en milieu rural, à Cessac (Charente), créé et dirigé par d’éminents designers allemands. Cet organisme, avec château et terres, est financé, comme il se doit, par le ministère de la Culture. Ses responsables pensent à juste titre que le design, activité créatrice proche de la production, n’est concevable que dans un esprit de synergie avec toutes les productions locales.
Ce type de conflit se multiplie. On se souvient des fameux procès de coqs…
Ils proposent ainsi des formations à prétention vaguement agricole (non agréées) pour contribuer au développement rural.
Passer de cinq à six cochons par semaine
Il se trouve par ailleurs qu’une famille d’agriculteurs du coin veut installer son fils sur l’exploitation, laquelle passerait ainsi de 2,5 à 3,5 unités de main-d’œuvre. « Installer » signifie, dans le monde agricole, devenir le chef d’exploitation et, souvent, faire à cette occasion quelques investissements nécessaires à la modernisation. Ces exploitants mitoyens du domaine élèvent des porcs fermiers labélisés, misant donc sur une haute qualité gustative et environnementale. La production actuelle de cinq cochons par semaine passerait à six. Ils vont faire construire deux bâtiments bas afin d’y stoker le fourrage et évoluer vers un élevage sur lit de paille répondant à une exigence de bien-être animal. Les toits vont être équipés de capteurs photovoltaïques pour privilégier les énergies renouvelables. Le permis de construire leur a été accordé « en son âme et conscience » par le maire, ancien technicien agricole, qui connaît bien ces questions.
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Vous pensez peut-être que le centre d’art pourrait se réjouir de la présence de ce petit projet exemplaire à proximité, qu’il pourrait même nouer un partenariat pour faire déguster du porc de qualité à sa cantine. Il n’en est rien. C’est tout le contraire ! Le centre d’art hurle au scandale ! L’émotion monte dans les milieux culturels et on en appelle à Roselyne Bachelot. On dénonce un « élevage industriel ». D’autres parlent de « ferme-usine » ! Une pétition réunirait 20 000 signatures, s’étendant jusqu’au Japon, avec le soutien d’un ancien prix Pritzker (équivalent du prix Nobel pour les architectes). Enfin, le centre d’art intente des actions au tribunal administratif en référé (perdu) et sur le fond (en attente).
MISE À JOUR | UPDATE
Un immense merci notre pétition a atteint plus de 20 000 signatures
Thank you – Today our petition has reached over 20.000 signatures
Signez la pétition ! https://t.co/2YcHAefXbc via @ChangeFrance pic.twitter.com/mHWpPDNsuH
— Boisbuchet (@Boisbuchet) December 9, 2020
Nature contre ruralité
Ceci est d’autant plus préoccupant que ce type de conflit se multiplie. On se souvient des fameux procès de coqs. Citons, en Île-de-France, le cas plus récent de l’éditrice Odile Jacob. Fin 2020, elle remue ciel et terre pour conjurer l’installation d’une petite exploitation d’agriculture biologique qui jouxterait sa maison de campagne.
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Évidemment, personne n’est heureux de voir se développer des nuisances à proximité de chez soi. Cependant, s’agissant de projets à la fois minimes et bien gérés, il est difficile de ne pas être surpris par la vivacité des réactions.
En réalité, il y a probablement un problème plus général, quelque chose comme un conflit d’usage au sujet de l’espace rural. D’un côté, les ruraux sont nombreux à vouloir tout simplement pouvoir continuer à y vivre, notamment de l’agriculture. En outre, beaucoup redoutent la désertification des campagnes qui les vide de leur convivialité. Ils tiennent à des plaisirs traditionnels tels que chasse, pêche, champignons, etc. De l’autre côté, nombre d’urbains et d’intellectuels (pardon pour ce terme commode) aspirent à la nature brute avec, si possible, quelques bébêtes, genre parc naturel. Surtout pas de péquenauds, d’odeur de bouse et encore moins de pollutions ! La Nature, vous dis-je ! Force est de constater que, de plus en plus souvent, ces deux visions se heurtent de plein fouet.
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