Avec L’Art, c’est bien fini, Yves Michaud poursuit et approfondit la réflexion entamée dans L’Art à l’état gazeux. Sa conclusion n’a pas changé : la création est sur une mauvaise pente. Le philosophe et ancien directeur de l’École des beaux-arts de Paris sait de quoi il parle.
Étrange évaporation
Yves Michaud part d’une observation aisément vérifiable : la plupart des artistes contemporains ne créent plus d’œuvres à proprement parler (peintures, sculptures, etc.). Ils se consacrent à des productions plus ou moins évanescentes telles qu’installations, interventions, environnements, dispositifs multimédias, etc. On y croise des couleurs, des sons, des odeurs. Parfois même, il est fait appel au toucher. Ces expériences multisensorielles s’offrent au spectateur dans une immédiateté enveloppante. « L’expérience esthétique a changé, nous dit l’auteur, de frontale elle est devenue atmosphérique […]. » Ce qui s’est évaporé, c’est en particulier l’ambition multiséculaire d’exprimer quelque chose de la vie des hommes. L’art parle désormais de l’art, et puis c’est tout. Il est ludique, hédonique,
