L’exposition «Art déco, France/Amérique du Nord», à la Cité de l’architecture (jusqu’au 6 mars), explore les origines franco-américaines de ce courant artistique qui a profondément influencé l’architecture et le design. Une plongée dans l’effervescence intellectuelle et créatrice du XXe siècle.
On reconnaît l’Art déco à ses formes élancées et géométriques, ses immeubles ornés de pilastres et de bas-reliefs épurés, ses statues allégoriques néo-hellénistiques… Ce vaste courant architectural et artistique s’est imposé entre les deux guerres mondiales et a eu pour vitrines les expositions universelles de Paris en 1925, de Chicago en 1933, de Paris encore en 1937 et de New York en 1939. Quelques bijoux monumentaux peuplent notre imaginaire : le Rockefeller Center et l’Empire State Building à New York, le palais de Chaillot et le théâtre des Champs-Élysées à Paris, les hôtels de Miami Beach… jusqu’à l’Art déco « totalitaire », de la funeste Chancellerie du IIIe Reich à Berlin, imaginée par Hitler et Albert Speer, à l’immense gare ferroviaire de Milan voulue par Mussolini. L’exposition de la Cité de l’architecture n’occulte pas ces derniers exemples, mais recadre l’origine de ce mouvement qui est, avant tout, une aventure franco-américaine.
En 2013, le musée avait déjà consacré une exposition à ce thème : « 1925, quand l’Art déco séduit le monde ». Y étaient montrées ses différentes filiations : l’apport de la France, plutôt décoratif, et l’apport des États-Unis, plutôt architectural. Dix ans plus tard, la Cité de l’architecture et son co-commissaire Emmanuel Bréon (à qui l’on doit déjà l’expo de 2013) vont plus loin en explorant, de façon quasi clinique, l’évolution de ce courant hybride, né d’une conjonction d’affinités binationales historiques, philosophiques et artistiques ; il inclut aussi l’Art déco au Canada et au Mexique, d’où la mention « Amérique du Nord » dans le titre.
Un parcours en neuf étapes
L’étincelle de l’Art déco est à trouver dans la fraternité des tranchées de la Première Guerre mondiale, puis dans le chassé-croisé des idées
