Nu comme dans un musée australien


Nu comme dans un musée australien

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L’art contemporain n’a pas fini de nous étonner. Mais en l’occurrence, ce n’est pas de l’artiste que vient le scandale, par exemple pour cause de confusion entre plug anal et sapin de Noël ou encore de dépôts d’étrons colorés dans la Galerie des Glaces de Versailles, mais des consommateurs, pardon, des amateurs eux-mêmes.

Pour visiter, jeudi matin, une exposition temporaire à la National Gallery of Australia de Canberra consacrée à l’artiste américain James Turrell qui joue, nous dit-on, avec l’espace et la lumière, un certain Stuart Ringold, lui-même artiste, a proposé à ses amis (enfin j’espère que ce sont ses amis) de découvrir les œuvres en se mettant complètement à oilpé.

Commentaire de monsieur Ringold: « L’exposition de Turrell tourne autour de la lumière. La peau absorbe la lumière et nous avons pensé que le corps tout entier pouvait partager cette expérience. Les spectateurs étaient un peu gênés au départ mais une fois dévêtus, ils souriaient et riaient. » Après tout, ça ne peut pas faire de mal dans la mesure où l’on n’est pas obligé de suivre les principes de Stuart Ringold qui pense que seule la tenue d’Eve peut permettre de lever nos inhibitions en face de l’Art et de mieux comprendre l’artiste. Personnellement, j’ai surtout l’impression que l’on risque un rhume avec la climatisation qui va assez fort en Australie.

On remarquera que ce naturisme esthétique nous vient du monde anglo-saxon qui, on le sait au moins depuis l’érotisme pesant de D.H. Lawrence dans L’amant de Lady Chatterley, connaît un relatif problème avec le corps et la sexualité, puritanisme protestant oblige. Là-bas, quand on surexpose le corps, c’est pour mieux le refouler, préférant toujours le naturisme à l’érotisme dans une candeur qui exclut toute ambiguïté sexuelle. Ou à l’inverse, on pratique la pornographie la plus débridée qui est une autre forme de normalisation, mécanique, du sexe et du désir. Alors qu, ce qu’il y a de bien dans les noces intelligentes du sexe et de l’art, comme pouvait sans doute la pratiquer les libertins français du XVIIIème sous l’œil bienveillant des tableaux de Fragonard, de Boucher pu de Watteau, c’est précisément l’ambiguïté, le jeu du dévoilement progressif, les clair-obscur, les départs pour Cythère, les fêtes galantes où l’âme est un paysage choisi.

Pour le reste, on attend avec impatience de savoir si la France suivra ou non cette initiative forcément bonne puisqu’elle vient d’ailleurs, que d’une part le Louvre ne se transfère plus dans les Emirats arabes où tout le monde est très habillé, -surtout les femmes- mais plutôt vers les plages du cap d’Agde. Et, d’autre part, que l’Education nationale, dans le cadre de dispositifs innovants, expérimente dès la rentrée des cours où enseignants et élèves seront nus, en toute innocence, pour se rapprocher les uns des autres et mieux se comprendre, comme des œuvres d’art.

*Photo : wikicommons.



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