Dis-moi pour qui tu votes, et je te dirai à quelle sauce tu seras mangé. D’un côté, certains éléphants du PS rêvent tout haut de sucrer leurs allocs aux cadres sup’ à famille nombreuse. C’est vrai quoi, non seulement ces gens-là votent souvent UMP, vont rarement voir les films de Guédiguian et défilent le dimanche avec Barjot, mais en plus ils se reproduisent comme des lapins aux frais du peuple français. Et on voudrait que les forces de progrès restassent de glace ?
D’un autre côté, on apprend ce matin dans une interview publiée par Les Echos que la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu va supprimer le jour de carence pour les fonctionnaires en arrêt-maladie. Cette disposition instaurée en fin de mandat par le gouvernement précédent avait pour objectif de permettre à la Sécu d’économiser 200 millions d’euros. Elle avait aussi, dixit les professeurs Fillon et Pécresse, une forte valeur morale ajoutée puisqu’elle répondait à un évident « souci d’équité », les travailleurs du secteur privé étant déjà ponctionnés, eux, de trois jours de salaire non payé en cas de gros bobo.
Oui mais voilà, Marylise Lebranchu juge cette mesure « injuste, inutile et inefficace ». Et entend donc la supprimer, pour la plus grande satisfaction des fonctionnaires, dont une large majorité avait soutenu la gauche aux élections de l’an dernier, tout comme l’avaient fait la plupart de leurs syndicats.
Il va de soi que je ne suis pas à priori hostile à cette abrogation. Mais j’ai du mal à comprendre que si cette ponction est aussi « injuste, inutile et inefficace » que le dit Madame Lebranchu, un gouvernement de gauche n’ait pas commencé par s’en prendre aux trois jours de carence des travailleurs du privé, qu’on aurait pu ramener à un seul jour, pour que tout le monde il est pareil. Chez nos amis du PS, on n’a que le mot « égalité » à la bouche, non ? Ah, on me signale dans l’oreillette que ces dernières années, les salariés du privé, prolos compris, ont tendance, eux, par contre, à mal voter…
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