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Universités américaines: Trump siffle la fin de la récréation

Étudiant pacifiste ou militant pro-Hamas ? Mahmoud Khalil n'est pas Gandhi !


Universités américaines: Trump siffle la fin de la récréation
Des étudiants et des partisans pro-palestiniens se sont rassemblés et ont prié devant l’université de Columbia pour protester contre l’arrestation et la détention, par les services de l’immigration, de Mahmoud Khalil, étudiant et organisateur pro-palestinien à Columbia. New York, le 14 mars 2025 © Laura Brett/Sipa USA/SIPA

Une pétition monstre réclame aux États-Unis la libération de l’étudiant étranger Mahmoud Khalil. La carte verte de ce militant pro-palestinien a été révoquée par l’administration Trump, et il devrait être expulsé. Ses soutiens invoquent sa liberté d’expression et le premier amendement de la Constitution pour le défendre.


À la suite des attaques terroristes du 7-Octobre, le chaos s’était emparé de nombreuses grandes facultés américaines, bastions de la jeunesse démocrate et largement acquises à la cause palestinienne. Manifestations de soutien aux terroristes du Hamas, violences à l’encontre d’étudiants de confession juive… Tout cela n’avait suscité ni indignation ni réaction suffisante de la part des directeurs des établissements débordés concernés. L’arrestation de l’activiste propalestinien Mahmoud Khalil, étudiant à Columbia, et son expulsion annoncée du territoire américain marquent la fin de cette impunité, comme l’avait promis Donald Trump.

La première arrestation d’une longue série

Le 9 mars, des agents de l’immigration ont effectivement arrêté l’étudiant né en Syrie, détenteur d’une carte verte et revendiquant des origines palestiniennes, pour son implication dans les manifestations propalestiniennes qui ont secoué le campus de Columbia. Selon une déclaration de Donald Trump sur son réseau Truth Social, l’arrestation de cet « étudiant pro-Hamas est la première d’une longue série à venir ».

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Durant ces manifestations, le Wall Street Journal[1] rapporte que Mahmoud Khalil occupait la fonction de négociateur en chef pour le compte de la Columbia University Apartheid Divest (CUAD), une coalition anti-israélienne. De son côté, le National Review[2], célèbre mensuel conservateur, révèle que M. Khalil était également correspondant aux affaires politiques auprès de l’UNRWA, une organisation dont les liens avec le Hamas ont été fréquemment dénoncés ces derniers mois. Certains de ses défenseurs mettent en avant son rôle de « négociateur » comme preuve de son pacifisme. Pourtant, des éléments récents viennent contredire cet argument déjà fragile. Le National Review souligne que Khalil était notoirement connu comme l’un des leaders des nombreuses manifestations pro-Hamas. La secrétaire de presse de la Maison Blanche affirme qu’il ne se contentait pas d’organiser des rassemblements visant à « harceler les étudiants juifs américains », mais qu’il diffusait également de la propagande pro-Hamas. Le magazine Newsweek[3] révèle de son côté que Khalil a été accusé d’avoir carrément organisé un événement glorifiant les attaques du 7-Octobre. Difficile, dans ces conditions, de dresser le portrait d’un étudiant pacifiste aux airs de gentil hippie inoffensif. Mais les soutiens de l’étudiant étranger arrêté crient à l’injustice et demandent au gouvernement américain de fournir des preuves de ces accusations. Les Démocrates, soucieux de rester dans la course politique et prêts à tout pour ne pas tomber dans un oubli qui leur tend les bras, n’ont pas hésité à prendre la défense de cet étudiant qu’ils présentent comme une victime de l’administration Trump.

Il fallait s’y attendre, selon certaines représentants démocrates, Trump embastillerait un gentil étudiant en bafouant son droit à la liberté d’expression (« free speech »). Mais, cette liberté connaît des limites : soutenir un groupe terroriste et stigmatiser une population en raison de sa confession ne devraient pas en faire partie. Or, c’est précisément ce que faisait le CUAD, selon le Wall Street Journal, qui rappelle que cette organisation a déclaré en octobre 2024 son soutien à « la libération, par tous moyens nécessaires, y compris la résistance armée ».

Aveuglement idéologique

Est-ce ainsi que la gauche conçoit la liberté d’expression ? 14 élus démocrates ont adressé une lettre ouverte à la secrétaire d’Etat pour la sécurité intérieure, Kristi Noem, demandant la libération immédiate de Khalil, qu’ils considèrent comme un prisonnier politique. Parmi les signataires figure la représentante démocrate du Michigan, Rashida Tlaib, connue pour avoir accusé Joe Biden de « soutenir le génocide du peuple palestinien » dans un tweet publié en juillet 2023 et supprimé depuis.

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Si Mahmoud Khalil s’était contenté d’agiter pacifiquement un drapeau palestinien, il ne se serait évidemment pas retrouvé dans cette situation. Donald Trump, qui a promis d’être le président de tous les Américains, entend protéger également les étudiants juifs, leur garantissant un environnement universitaire sûr. Les Démocrates sont-ils à ce point aveuglés qu’ils ne voient pas que, dans cette affaire, c’est bien Trump qui défend la véritable liberté d’expression ? Les étudiants juifs ne devraient-ils pas, eux aussi, pouvoir jouir de cette liberté sur les campus, sans craindre pour leur intégrité physique ? On frissonnerait presque en imaginant ce qu’il serait advenu si la « camarade Kamala », comme l’appellent ironiquement les trumpistes, avait accédé au Bureau Ovale…

Une mobilisation opportuniste

Par aveuglement idéologique ou par pur calcul électoral, les Démocrates ont appelé à manifester pour la libération de Mahmoud Khalil. L’impayable Alexandria Ocasio-Cortez a dénoncé le « traitement inhumain »[4] infligé à Khalil, en faisant une nouvelle cause politique pour un parti en pleine crise. Ainsi, selon les estimations du Wall Street Journal, plus de 300 manifestants se sont rassemblés jeudi 13 mars devant… la Trump Tower, pour exprimer leur indignation. Outre l’absurdité du choix du lieu – Trump résidant évidemment à la Maison Blanche et non à New York – cette manifestation illustre une fois de plus que les Démocrates ne reculeront devant rien pour cimenter leur électorat sur des bases intersectionnelles. Quitte à fracturer encore davantage la société américaine.

https://twitter.com/SecRubio/status/1899892869332173133

[1] https://www.wsj.com/opinion/mahmoud-khalil-green-card-trump-administration-cuad-columbia-israel-hamas-ecdc4424?mod=Searchresults_pos2&page=1

[2] https://www.nationalreview.com/news/ice-detains-palestinian-activist-who-led-anti-israel-encampments-at-columba-university/

[3] https://www.newsweek.com/who-mahmoud-khalil-columbia-university-grad-detained-ice-2041925

[4] https://www.washingtontimes.com/news/2025/mar/12/free-mahmoud-khalil-democrats-rally-stop-deportation-anti-israel/




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