En la personne d’Arnaud Beltrame, les Français se sont trouvé un héros par procuration. Il est ce que nous ne sommes plus: un peuple capable de clamer « La liberté ou la mort ! » L’édito d’Elisabeth Lévy.
Pendant un jour ou deux, la France a vécu dans un autre temps, dans un monde révolu où on mourait pour la patrie, où on était fiers de porter l’uniforme, où on vénérait le drapeau. D’habitude, ce monde est décrit comme un lieu de ténèbres. L’annonce du geste, puis de la mort, du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame a momentanément aboli les clivages politiques et les frontières de classe. Bien au-delà des rédactions et des plateaux de télévision, unanimes dans la célébration superlative, la France des start-ups et celle des bistrots de campagne ont communié, pleurant, en même temps qu’elles l’admiraient, un homme, et l’un des meilleurs, du monde d’avant.
La gauche convertie au patriotisme
Militaire, catholique de surcroît, avec la foi ardente du born again – et nombre de croyants verront sans doute un geste christique dans l’offrande de sa vie pour en sauver une autre –, incarnation de l’honneur à l’ancienne, le gendarme Beltrame avait plutôt le profil pour se faire épingler comme réac. Il faut donc comprendre ce que sa mort admirable,
