Le président Macron a dévoilé vendredi les grandes orientations de la future loi de programmation militaire 2024-2030, augmentant les budgets d’un tiers. La France hésite à doter nos soldats d’un budget à la hauteur des missions qui les attendent. L’armée de terre compte ses munitions, la marine appareille des navires low cost et l’armée de l’air ne peut qu’acter les retards de livraison. Pendant ce temps-là, l’Allemagne et la Pologne débloquent des milliards par dizaines.
« Pour que les conséquences apparaissent aux Nations, il faut des catastrophes ou le recul de l’histoire », écrivait Jacques Bainville en introduction de son célèbre Les Conséquences politiques de la paix (1920), où il prédisait que le traité de Versailles engendrerait tôt ou tard une nouvelle guerre avec l’Allemagne. Pour l’heure, le retour de la guerre en Europe demeure à peu près circonscrit à l’Ukraine, nonobstant quelques alertes inquiétantes, comme la destruction des gazoducs Nord Stream 1 et 2 au fond de la Baltique en octobre. Mais ce choc géopolitique a d’ores et déjà conduit Berlin et Varsovie à des décisions radicales. L’Allemagne pacifiste a débloqué 100 milliards pour reconstituer « l’armée la mieux équipée d’Europe ». La Pologne s’emploie à doubler ses effectifs et à tripler ses crédits pour lui disputer le leadership militaire. En juillet, le gouvernement de Mateusz Morawiecki signait un contrat avec la Corée du Sud portant sur l’acquisition de 1 000 chars lourds K2 Black Panther ; aucune armée occidentale n’en possède autant. Et pendant ce temps, à Paris, où l’on revendique volontiers le titre de première puissance militaire d’Europe, ça tergiverse.
Il faut passer en économie de guerre
Le 13 juillet, à l’Hôtel de Brienne, Emmanuel Macron avait pourtant dit aux militaires : « Tout confirme notre analyse stratégique de la menace […]. La défense est la première raison d’être de l’État, s’il faut aller plus loin, nous le ferons. » Séance tenante, les spécialistes mettaient en chantier une nouvelle copie de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 qui crante l’augmentation du budget annuel des armées de 36 à 50 milliards d’euros. Le ministre Sébastien Lecornu, qui pilote ces travaux en direct, promettait cet automne qu’un projet actualisé serait finalisé avant Noël. Or, à la mi-décembre, l’Élysée n’avait toujours pas validé le nouveau périmètre financier de future LPM, qui couvrira la période 2024-2030. Sans ce cadrage, il est impossible, expliquent les spécialistes militaires, de fixer des ambitions opérationnelles, d’arrêter des volumes de forces et de matériels, de planifier des calendriers de commandes et de livraisons. « À l’Élysée,
