Le chef de l’État, interrogé par L’Humanité, fait une énième volte-face concernant le fameux «arc républicain», et désavoue son Premier ministre. Malheureusement, le président Macron n’est plus à une incohérence près. Et nul doute qu’il aurait dit autre chose si on lui avait demandé de parler du même sujet chez Valeurs actuelles…
Plus le Rassemblement national monte, plus on l’invite à n’être présent nulle part. Ce serait le comble du ridicule si cela ne révélait le caractère dramatiquement inconséquent de notre président de la République. On vient d’apprendre de sa part, dans un entretien avec le journal L’Humanité, que le RN dorénavant n’est plus dans « l’arc républicain » et qu’il devrait s’abstenir de participer à la cérémonie de panthéonisation du couple Manouchian. Marine Le Pen ne prendra pas en compte ce qu’elle tient pour un propos outrageant et sera présente. Il faut que L’Humanité en ait pour son argent : Emmanuel Macron n’est pas un ingrat !
Incohérences macroniennes
Sans être impertinent, il ne serait pas choquant de dénier au président le droit de sonder le cœur et les reins des personnalités politiques, d’en exclure certaines et d’en légitimer d’autres. Plus profondément, le nombre de voltes sur l’arc républicain de ce pouvoir est impressionnant. Et j’y inclus évidemment, avec le président, l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne qui n’avait rien trouvé de mieux à l’origine que de sortir de l’arc républicain le RN et LFI.
Une fois le RN y était, le lendemain il était ostracisé. Tout cela est d’autant plus navrant que le président s’est piqué de donner des leçons à son camp en lui transmettant sa bonne méthode pour contrer le RN. Il ne fallait surtout plus se situer sur le plan moral mais délaisser la dénonciation éthique au profit de la contestation politique. Par ailleurs, le 9 février, dans les marges d’un déplacement à Bordeaux, Emmanuel Macron avait invoqué une forme de normalité dans les rapports à avoir avec le RN. Comprenne qui pourra.
Acceptons qu’aucune cohérence ne peut être trouvée ni maintenue – on le constate – avec Emmanuel Macron qui, girouette, change d’opinion en fonction de ses interlocuteurs. Il ne dit jamais ce qu’il pense puisque sa pensée n’est pas inaltérable, mais ce qu’il estime devoir exprimer pour séduire ceux auxquels il s’adresse.
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Cette extrême faiblesse de notre président le conduisant à refuser d’avoir un cap stable, est démontrée par son dialogue avec L’Humanité. Il aurait été hors de question pour lui de s’en tenir à une conviction ferme et de l’opposer à ses questionneurs ; il convenait au contraire qu’il s’adaptât à eux pour qu’il puisse jouir de ce qui le comble le plus : aller vers l’autre pour être aimé et applaudi dans l’instant.
Oui… mais non
Ce n’est pas seulement sur ces sujets que le président alterne d’un jour à l’autre. Pour la vie internationale, il n’a pas lésiné pour faire entendre ici ce qu’on avait envie d’écouter et là, dès le lendemain, son contraire parce que l’environnement avait changé. Il lui était impossible de s’en tenir à une seule vision qui aurait impliqué une sincérité et une constance qu’il n’a jamais eues et surtout de faire le deuil de cette perversion l’incitant à proférer oui quand il pressent le oui, ou non quand il prévoit le non. Quand le oui et le non sont nécessaires s’ils résultent d’une conviction qui ne flotte pas au gré des vents et des rencontres.
Le président n’invente pas, il s’adapte et se coule dans le moule. Il met ses mots au service, autant qu’il le peut, du journal communiste. Pour L’Humanité, on a eu droit au Macron de gauche, enfourchant les poncifs et les idées progressistes qui convenaient. Avec Valeurs actuelles, assurément, on aurait eu l’inverse. Ce narcissisme et ce cocon dont il s’entoure – ce qui n’interdit pas une dureté par ailleurs – demeureraient critiquables, mais sans effet majeur, s’ils ne débordaient pas de son périmètre personnel. En réalité ils sont dévastateurs quand on relève à quel point le verbe présidentiel entrave la mission du Premier ministre qui, lui, n’a que le tort d’avoir une pensée stable, une conviction solide et une expression lucide.
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En effet, comment ne pas approuver Gabriel Attal quand il énonce cette double évidence à la fois républicaine et pragmatique, que l’arc républicain est pour lui tout l’hémicycle ? En même temps vérité constitutionnelle et démocratique et affirmation empirique qui pourra lui permettre d’engager des débats et de favoriser des compromis avec des forces qui seraient peu enclines à dialoguer si par principe et absurdement on les excluait de l’arc républicain.
Il est clair que le président n’a cure de cette justice républicaine ni de cette morale parlementaire. Qu’il rende plus difficile la tâche de son Premier ministre lui importe peu. Puisque séduire L’Humanité était sa vérité du moment.
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