Le collectif de droite Némésis organisait un hommage à Philippine place Denfert-Rochereau, hier, à Paris. Des familles touchées par d’autres drames similaires ont apporté leur témoignage au micro. Avec le sentiment d’être de « mauvaises victimes » pour la société, et l’espoir que la question des OQTF non appliquées trouve enfin une réponse.
Ce dimanche 29 septembre aurait pu être un dimanche comme les autres, mais il n’en était rien. Car ce dimanche, précisément, un émouvant hommage à la jeune Philippine s’est tenu sur la place Denfert-Rochereau (Paris XIVème) à l’initiative du Collectif Némésis (fondé par la féministe Alice Cordier, présenté par la presse comme un groupuscule identitaire ou d’extrême-droite) et de Claire Geronimi, victime d’un viol dans le hall de son immeuble, en 2023, par un migrant africain sous OQTF. Devant la foule de près de deux mille personnes, sécurisée par un dispositif de forces de l’ordre et une entreprise de sécurité privée engagée pour l’occasion, nous avons pu observer des pancartes « L’État m’a tuée » ou « Philippine aurait pu être notre sœur ».
Gros ras-le-bol
Au micro d’Alice Cordier, se sont succédé les – trop – nombreuses familles endeuillées, dont certaines ont fait le déplacement depuis la province, pour témoigner du laxisme judiciaire autour de la question des OQTF, et du douloureux chemin de reconstruction qui s’opère après l’assassinat d’un proche. Des familles invisibilisées, dont le témoignage n’est que trop peu relayé par les médias. Nous avons écouté Catherine, dont la fille a été tuée sous le coup de onze coups de couteaux par un Algérien multirécidiviste ; nous avons aussi écouté Marius, dont la grand-mère de 91 ans a été violée et tuée à son propre domicile par un migrant sous OQTF : « Elle est morte dans son propre sang, sur le sol d’un appartement où elle a vécu près de quarante ans. Je le sais car j’ai dû nettoyer moi-même l’appartement, en l’absence de la société de nettoyage mandatée par la Juge d’instruction ». Chaque famille, sans exception, a souligné l’absence de soutien des politiques et notamment des politiques de gauche. Cette réalité était d’autant plus marquante que, au micro de la tribune de la place Denfert-Rochereau, Alice Cordier a remercié les deux seules figures politiques présentes qui se sont déplacées pour Philippine. Deux hommes. Le sénateur Stéphane Ravier (ex-Reconquête) et Florian Philippot (président des Patriotes), seuls, ont fait le déplacement.
Mauvaises victimes
Où sont nos femmes politiques ? Où est Martine Aubry, dont une des familles présentes a souligné l’aberrant silence après avoir perdu un membre de leur famille à Lille, sous les coups d’un homme sous OQTF ? Où sont nos féministes, qui courent pourtant de plateau télé en chaîne de radio, pour dénoncer les féminicides et les violences sexuelles ? Ne se sentent-elles pas concernées par le viol et l’assassinat d’une jeune femme de dix-neuf ans ? Où sont les Parisiennes ? Pour la course à pied de la Parisienne, 30 000 femmes ont couru pour financer la recherche médicale ; où sont-elles, pour rendre hommage à la mort de l’une d’entre elles ? La dernière édition de la Fashion Week a attiré près de 20 000 visiteurs : où sont-ils pour soutenir une famille endeuillée, qui a dû organiser elle-même sa propre battue et faire la découverte du corps semi-enterré de leur enfant au Bois de Boulogne ?
Dans un monde où les valeurs du respect de l’enfance et de la femme passeraient réellement au-dessus des sacs-à-main de haute couture, la place Denfert-Rochereau aurait pu être noire de monde, inondée de toutes les Parisiennes qui seraient descendues pour accompagner l’hommage ! Toutefois, Claire Geronimi a déclaré être soulagée du nombre de personnes présentes, plus élevé qu’elle ne l’espérait.
Goût amer
Nous, pour notre part, gardons un goût amer dans la bouche : comment se satisfaire de la mobilisation de deux mille personnes, face à un tel drame ? Nous qui sommes deux femmes, deux Françaises, nous l’affirmons : la France et les Français ne sont pas à la hauteur de l’enjeu de la question des OQTF et n’ont pas été à la hauteur de l’hommage qui aurait dû être rendu à Philippine et à ses proches. Combien d’autres victimes faudra-t-il pour que la France, dans un seul corps, descende dans la rue et pleure la vie brisée d’une jeune femme de dix-neuf ans ? Combien d’autres femmes devront être encore victimes de la folie barbare pour que les pouvoirs politiques s’emparent de ce sujet ? Combien d’autres Lola ? Combien d’autres Philippine ? Après une minute de silence pour la mémoire de Philippine, la foule présente a entonné la Marseillaise.
À la fin d’une cérémonie qui s’est déroulée dans la dignité et sans aucun débordement d’aucune sorte, l’organisatrice Alice Cordier nous a enjoint de nous disperser dans le calme. Amères, nous avons rangé nos drapeaux tricolores, plus convaincues que jamais que le combat ne faisait que commencer. Pour ces OQTF, nous n’aurons ni oubli, ni pardon.