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Après Dexia, qui?


Image : mukulr

Au moment où le Royaume de Belgique s’apprête à se doter enfin d’un gouvernement, il se prépare aussi à perdre une banque. Dexia, établissement franco-belge est en effet la « première victime de la crise ».

Est-ce à dire qu’il y en aura d’autres ? C’est ce que le couple Merkel-Sarkozy essaye actuellement d’empêcher. Leur rencontre du 9 octobre à Berlin n’ayant pas suffi à les mettre d’accord, ils se reverront à la fin du mois. Sans parvenir à en définir les modalités, les deux leaders se sont toutefois entendus sur un principe : il faut renforcer les banques.

C’est donc reparti pour un vaste plan de sauvetage des établissements de crédit, ainsi qu’on le craignait depuis septembre, alors que s’effondrèrent les actions de BNP Paribas, de la Société générale, et du Crédit agricole.

Pourtant, nos banquiers vivaient dans une insouciance joyeuse depuis les « stress tests » qu’ils avaient brillamment réussi cet été. Réalisés en juillet sous l’égide de l’Autorité bancaire européenne (ABE), et appliqués à 91 établissements de l’Union, ces tests avaient pour objet, de mettre les banques à l’épreuve, et de mesurer leur capacité de résistance à un scénario économique extrême. Il s’agissait de s’assurer que les établissements possédaient des réserves en capital suffisantes pour absorber de gros chocs. Huit banques (cinq espagnoles, deux grecques et une autrichienne) avaient été recalées. En revanche, on s’était chaudement félicité du succès des banques françaises. Que s’est-il donc passé en quelques mois ? L’économiste Jacques Sapir nous apporte ici un début de réponse « les ‘tests de résistance’ qui furent réalisés ont omis dans leurs hypothèses d’intégrer le possible défaut d’un pays de la zone euro ». Voici donc le pot aux roses : le scénario de l’exercice a tout bonnement omis d’intégrer un élément qui s’annonçait probable, et dont la gravité pourrait aller bien au-delà des conséquences d’un seul défaut grec. En cas de contagion de la maladie hellène aux autres « PIIGS », rappelons que les quatre principales enseignes françaises sont exposées à la dette italienne à hauteur de…41 milliards d’euros.

Il faudra donc recapitaliser. Par le biais du Fonds européen de stabilité financière ? L’Allemagne ne le souhaite pas et plaide pour que chaque Etat débourse lui-même les sommes dont ses banques auront besoin. La France, en revanche, aimerait avoir recours au FESF, afin de ne pas alourdir sa dette, et de préserver son précieux « triple A ».

Le sauvetage des banques créerait donc de la dette ? Ne nous a-t-on pas dit, au contraire, qu’il enrichissait le pays ? Car non seulement nos établissements ont remboursé l’intégralité des sommes prêtées en 2008, mais, selon le gouvernement, l’Etat aurait également encaissé 2,5 milliards d’euros d’intérêts en contrepartie de son aide. Dans ce cas, pourquoi se priver du nouveau jackpot que constituerait un sauvetage-bis ?

La réponse réside peut-être dans le rapport de la Cour des comptes en date du 20 mai 2010, portant sur « les concours publics aux établissements de crédit ». Dans cette étude, les sages de la rue Cambon conviennent que le soutien de l’Etat a été « utile » et « efficace ». Mais il tempèrent leur conclusion en ces termes : « si les concours publics génèrent des recettes ponctuelles, ils engendrent des coûts permanents ». Et les magistrats de détailler ces coûts, qui vont du surcroît d’endettement souscrit par l’Etat pour financer le plan de sauvetage, aux dotations accordées à l’établissement public Oséo pour soutenir le crédit aux PME, en passant par la décentralisation de certains fonds d’épargne réglementés (livrets A), dont les banques peuvent désormais conserver une partie, alors qu’ils étaient auparavant encaissés par la Caisse des dépôts. Le journaliste Emmanuel Lévy rapporte d’ailleurs ce propos du premier président de la Cour, Didier Migaud : « on est déjà bien content de n’avoir pas perdu d’argent dans cette histoire ».

De fait, et puisque l’Etat refusa d’entrer au capital des banques secourues en 2008, il faudra à nouveau refinancer ces établissements, dont les prêts aux entreprises ne cessent de se réduire, avec un effet récessif qui s’ajoute à celui des plans de rigueur qu’on nous impose. La France et l’Allemagne sont d’ailleurs condamnées à s’entendre rapidement, une issue devant émerger avec le G20 des 3 et 4 novembre prochain.

Par chance, au pied du mur, on trouve souvent des solutions. Et, s’il est bien évidement que ce pays n’aurait jamais pu survivre sans la mise en place d’une « taxe sodas », demeurons sans crainte : de l’argent, pour les banques, il y en a toujours.



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