En France, l’Éducation nationale est un précieux héritage, trahi, et en déclin depuis quarante ans. Pour la compréhension de l’écrit, la France se classe au 16e rang européen seulement (rapport Pirls 2021).
Depuis quatre décennies, l’Éducation nationale en France est en proie à une crise profonde, une crise qui a vu la qualité de l’enseignement chuter, tandis que le niveau de littératie des étudiants stagne. Cette débâcle ne peut être imputée à un facteur unique, mais plutôt à une série d’erreurs, de politiques éducatives discutables et d’idéologies obsolètes.
Le dilemme de la méthode d’apprentissage
Au cœur de cette crise se trouve le dilemme persistant entre la méthode globale et la méthode syllabique pour l’apprentissage de la lecture. Les partis politiques de gauche, au pouvoir depuis 40 ans, ont favorisé la méthode globale, mettant l’accent sur la reconnaissance des mots. Cette méthode a fait ses preuves ailleurs, mais pas en France.
L’écho de Jean Jaurès : la fluidité de la lecture
Jean Jaurès, figure politique et pédagogue éclairé, avait bien compris l’importance fondamentale de la lecture fluide. « Savoir lire vraiment sans hésitation » disait-il. Ses paroles sont aujourd’hui d’une actualité brûlante. La fluidité de la lecture est cruciale pour la compréhension, et c’est précisément ce qui a fait défaut dans le système éducatif français depuis des décennies.
L’avis éclairé de Luc Ferry
Luc Ferry, expert en pédagogie, souligne que l’apprentissage de la lecture ne se limite pas au simple déchiffrage des mots, mais doit s’accompagner d’une compréhension profonde et d’une véritable passion pour la lecture. Cette perspective éclaire l’importance de réformer notre approche de l’éducation.
Jean-Michel Blanquer : un espoir de réforme
Dans ce contexte sombre, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale de 2017 à 2022, a entrepris des réformes visant à remettre l’éducation sur la voie de l’excellence. Sa vision et ses actions, centrées sur le retour à la méthode syllabique et la promotion de la lecture, sont perçues comme une bouffée d’air frais dans un système éducatif étouffant.
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Le dévoilement de l’hypocrisie éducative
L’abandon institutionnel de l’école publique en France a été un sujet de préoccupation depuis des décennies, mais il est temps de révéler l’hypocrisie qui s’est répandue chez certains acteurs politiques de gauche. Comme l’ont souligné les journalistes Éric Conan et Carole Barjon dans leurs analyses précises, la gauche a souvent prétendu lutter contre les inégalités éducatives tout en contribuant à les aggraver. Cette hypocrisie est devenue de plus en plus apparente, mettant en lumière une réalité sombre.
L’élitisme de gauche
Le cynisme élitaire a prospéré au sein de la gauche, où ceux qui se disent défenseurs de la justice sociale et de l’ouverture d’esprit ont souvent été les premiers à inscrire leurs enfants dans des établissements privés ou publics élitistes sur dérogation. Comme le disait avec perspicacité Michel Leroux, « les dévots de l’équité aiment rarement partager ». Cette réalité hypocrite a persisté pendant des années, mais elle est désormais démasquée et dénoncée. Le cas de Pap Ndiaye, qui choisit une éducation privée pour ses propres enfants tout en se définissant comme un « homme de gauche », en est un exemple frappant.
Le débat sur la qualité de l’enseignement
Le déclin de l’Éducation nationale en France ne peut être attribué uniquement aux politiques menées au cours des 30 dernières années. Il est nécessaire de se pencher sur la qualité de l’enseignement lui-même. Comme le soulignent les experts, la France est le pays où les élèves passent le moins de temps à travailler ensemble, privilégiant plutôt l’écoute passive des enseignants. Les présentations orales sont rares, et l’écrit conserve une place prépondérante. Les méthodes pédagogiques semblent en décalage croissant avec les capacités d’apprentissage des élèves, et l’organisation des établissements ainsi que les emplois du temps des enseignants posent problème.
Pourtant, la liberté pédagogique est un élément essentiel du métier d’enseignant, permettant d’adapter l’enseignement aux besoins des élèves. Il est crucial de soutenir les enseignants dans leur quête d’efficacité pédagogique et de favoriser le dialogue entre la recherche en sciences de l’éducation et le monde de l’enseignement.
L’adaptation de l’Éducation nationale à la société moderne
L’Éducation nationale française n’a pas su s’adapter à la société moderne. Elle persiste à être le seul lieu où l’enfant rencontre le savoir, alors que les familles souhaitent que l’école prenne en charge ce moment où l’élève s’approprie le savoir. Le modèle finlandais, par sa meilleure concertation et organisation, a réussi à dégager la pression sur les petites classes et à favoriser le travail coopératif. Cependant, il n’y a pas de modèle parfait, et il est temps de repenser le contenu de l’enseignement pour préparer les jeunes aux besoins futurs plutôt que de copier aveuglément des modèles étrangers. Il est temps de faire preuve de bon sens pour moderniser notre système éducatif.
APILI : une solution subtile
Alors que nous explorons les problèmes de l’éducation en France et les solutions potentielles, il est temps d’évoquer APILI (apili.fr), une méthode d’apprentissage de la lecture créée par Benjamin Stevens, un orthophoniste d’origine belge.
APILI se distingue par son approche syllabique, enseignant la lecture par les sons et les syllabes, tout en intégrant l’écriture de manière ludique. Cette méthode incarne la vision de Jean Jaurès en encourageant la fluidité de la lecture dès le début de l’apprentissage.
Le test concluant à Noisy-le-Sec
APILI ne se contente pas d’être une solution théorique.
Cette méthode a été testée avec succès dans une école primaire de Noisy-le-Sec, en banlieue parisienne. Là, elle a suscité l’enthousiasme des enseignants et des élèves, et vraisemblablement pourrait avoir des effets miraculeux sur des enfants allophones, autistes et des adultes trisomiques. Cette réussite inclusive renforce l’idée que la méthode APILI offre une lueur d’espoir pour l’éducation en France.
L’éducation en France a été trahie par des décennies d’idéologies et de méthodes d’apprentissage inefficaces. Mais il y a de l’espoir. Les réformes de Jean-Michel Blanquer et l’émergence de méthodes telles qu’APILI marquent le début d’une nouvelle ère pour l’apprentissage de la lecture en France. Il est temps de rétablir l’excellence éducative et de préparer nos apprenants à un avenir brillant. Comme le disait George Eliot, « le commencement est toujours aujourd’hui ». Il est temps de commencer à changer les choses.
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