Avant-propos : Découvrant la Contribution thématique féministe préalable au Congrès socialiste de Toulouse, il est paru intéressant de la soumettre ici pour assouvir une soif légitime de curiosité mais aussi pour y apporter quelques corrections. En effet, non seulement ce texte comportait quelques coquilles mais elle était aussi nantie de beaucoup d’incohérences dans l’application de la novlangue socialo-féministe. Votre serviteur s’est donc dévoué pour effectuer ces corrections mais aussi -soyons audacieux ! Osons !- de pousser encore plus loin la logique de nos contributrices /eurs. Les suppressions sont donc barrées et les ajouts apparaissent en gras. Nous vous souhaitons une excellente lecture !
Pour toutes celles et ceux qui se battent pour l’égalitée[1. Dans le cadre de la lutte contre la domination du Patriarcat, on ne voit pas pourquoi ce mot au genre féminin ne serait pas féminisé.] dans notre sociétée, et donc pour l’égalitée entre les femmes et les hommes, l’arrivée de la gauche au pouvoir est porteuse de grands espoirs.
Les socialistes ont pris dans leur histoire une part active aux combats féministes. Au-delà des mesures qui ont permis de faire avancer les droits des femmes, la gauche a participé à la construction d’une pensée politique autour de l’égalitée des sexes. Force est de constater que nous n’avons pas fini le travail.
De nombreux reculs sont à déplorer ces dernières années, en France et dans le monde: accès à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception, insuffisance de places en crèches. Le sexisme est à l’origine de nombreuses violences et discriminations dans notre sociétée auxquelles les femmes doivent faire face ; notamment en terme d’accès au travail, de salaire, de retraite, de partage des rôles parentaux, d’accès aux postes de direction et aux mandats électifs…
Il s’agit donc pour les socialistes de défendre et de faire progresser l’égalitée, les libertées, la laïcitée, la solidaritée, d’apporter des solutions contre la précarité[2. Le mot est féminin mais, le féminisme français demeure favorable au maintien d’exceptions, signes de la richesse de la langue française. En l’occurrence, « précarité » revêt un caractère négatif et peut donc rester masculin.] et la violence présentes dans notre sociétée. Nous voulons transformer les rapports de genre en émancipant les femmes comme les hommes des cases dans lesquelles elles/ils sont enfermé-es. Autant de questions qui appellent à une mobilisation forte de notre parti, car nous en sommes convaincu-es, l’égalitée entre les femmes et les hommes est la garantie de la liberté, de l’émancipation individuelle, et du progrès collectif.
I. Les socialistes, actrices et acteurs de l’égalitée femmes – hommes.
Notre Parti politique a beaucoup progressé en matière d’égalitée femmes-hommes ; en termes de paritée notamment. Cependant, il reste encore du chemin à parcourir pour que nous, socialistes, intégrions l’égalité femmes – hommes comme levier du changement dans notre organisation.
Le Parti socialiste ne peut se targuer de vouloir changer la sociétée s’il n’est pas capable à la fois de penser cette domination première qu’ qui est celle qui s’exerce sur les femmes et en même temps de transformer notre organisation pour incarner cette volontée de changement profond.
1. L’égalitée femmes – hommes à tous les niveaux du Parti socialiste
Le gouvernement a mis à l’ordre du jour l’intégration du genre dans les politiques publiques, déjà mise en œuvre en Europe et dans les organisations internationales. Il s’agit de faire de l’égalitée femmes – hommes un élément clé de l’ensemble des politiques publiques. La transversalitée est devenue un automatisme dans de nombreux pays et organisations. Au Parti socialiste, il nous faut encore la construire.
Si nous voulons réaliser l’égalitée dans le parti comme dans la société, nous devons construire un parti en pointe sur l’analyse des mécanismes qui font perdurer les discriminations sexistes. La méconnaissance de ce que sont les inégalités[3. voir 2.] femmes – hommes et de leur imbrication dans l’ensemble des inégalités sociales conduit à ne pas voir la façon dont nous reproduisons nous-mêmes les inégalités (répartitions genrées des secrétariats fédéraux ou nationaux, prises de paroles en réunion, apparition dans les médias…).
Nous proposons donc :
- Une formation nationale chaque année des Premières fédérales et Premiers fédéraux
et Premières fédéraleset des secrétaires de sections sur cette thématique. - Dans chaque fédération, une formation de l’ensemble des secrétaires fédérales/aux en début d’année pour réfléchir aux moyens de réaliser l’égalitée dans le parti.
- De rendre effective la nomination de secrétaires fédér
aux/ales/aux à l’égalitée femmes – hommes dans toutes les fédérations et d’organiser une formation nationale de ces secrétaires fédéraux/ales/aux.
2. Responsabiliser les élu-e-s sur la question de l’égalitée femmes-hommes
Le Parti socialiste dirige la quasi-totalitée des Régions, la majoritée des Départements et les des grandes villes. Des leviers sont donc disponibles et des avancées possibles.
Nous proposons donc :
- Que le Parti socialiste encourage ses membres, lorsqu’
ils ouelles ou ils président des collectivités à signer et mettre en œuvre la Charte européenne pour l’égalitée femmes-hommes dans la vie locale, quelle que soit la collectivitée dont elles/ils sont membres. - Que le Parti socialiste organise en lien avec les groupes socialistes aux Parlements[4. Il y avait un X à aux et pas de S à Parlement, ce qui constituait une faute d’accord. Pour y remédier, j’ai préféré envisager que nos auteur-es pensaient à la fois au parlement français et au parlement européen plutôt que tout mettre au singulier.] une formation continue des parlementaires sur les droits des femmes et l’intégration du genre dans les politiques publiques
3. Atteindre la paritée intégrale.
Un Parti fort est un Parti qui ressemble à la sociétée qu’il représente. Nous devons donc continuer inlassablement à organiser en notre sein les conditions de l’égalitée réelle d’accès aux responsabilitées et aux mandats électifs. La paritée a largement progressé lors des dernières élections, notamment grâce aux travaux menés lors des réunions de la Commission électorale, mais d’importants progrès restent à faire.
Il nous faut inscrire dans nos statuts la paritée intégrale dans toutes les instances du Parti, comme décidé par les militant-es lors de la Convention pour la rénovation. Les fédérations devront évidemment appliquer ce principe de paritée dans les candidatures aux élections locales. En cas de manquement la commission nationale électorale sera saisie. Le non cumul des mandats est un accélérateur de paritée et de rénovation. Les engagements pris par les élu-e-s socialistes devront être respectés.
Afin d’atteindre la paritée intégrale, dont nous nous sommes rapprochés lors des dernières élections, un-e Secrétaire national-e adjoint-e à la paritée devra être nommé-e auprès de la/du Secrétaire National-e aux élections et co-présider la Commission électorale.
La paritée ne peut pas se décréter : des mécanismes doivent donc être mis en place pour la rendre effective. Ce / Cette/Ce secrétaire national-e sera ainsi chargé-e de préparer les échéances électorales en amont ; repérer et former de nouvelles personnalitées ; agir pour tendre vers la paritée dans les prises de paroles des responsables politiques, que ce soit dans les médias ou dans les instances, ou encore lors de l’Universitée d’été de La Rochelle, en mobilisant l’ensemble des courants autour de cet objectif
4. N’admettre aucun acte de violence sexiste de la part d’élu-e-s ou de représentant-e-s du Parti socialiste
A plusieurs reprises ces dernières années, des élus[4. On ne rajoute pas de -e vu que les violences ne sont évidemment le fait que d’hommes.] socialistes ont été condamnés par la justice pour des faits de violences faites aux femmes. Le Parti a parfois tardé à réagir malgré les interpellations des associations féministes. Nous ne pouvons déplorer le silence qui persiste autour des violences sexistes dans notre pays et ne pas agir dans nos propres rangs. Nos statuts rappellent qu’une exclusion du parti est possible “pour manquement aux principes et aux règlements du Parti, pour violation certaine des engagements contractés, pour actes ou conduites de nature à porter gravement préjudice au Parti“. Si le Parti socialiste doit bien entendu se garder de toute intervention en amont d’une procédure, lorsqu’une condamnation a lieu, elle doit être suivie d’une exclusion du Parti socialiste.
II. Les droits des femmes sont les droits de tous
De nombreux engagements ont été pris par le président de la République en matière d’égalitée femmes-hommes, reprenant largement les propositions élaborées par le Parti socialiste et votées lors des dernières Conventions (en particulier lors de la Convention égalitée réelle, et de la Convention du Projet).
La mise en place d’un Ministère des droits des femmes et le respect de la paritée intégrale au gouvernement sont des signes politiques importants. Ces symboles sont fondamentaux car ils permettent en eux-même de faire bouger les lignes. Mais ils ne suffiront pas. L’engagement, dès les premières semaines, de la Ministre des Droits des femmes en faveur de politiques transversales, pilotées par un comité interministériel, est décisif. La France se donne désormais les moyens de ses ambitions : l’égalitée femmes – hommes n’est pas une option mais elle est l’un des leviers du progrès, de la justice et du redressement.
Nous sommes attaché-es à la mise en œuvre de l’ensemble des 40 engagements de François Hollande pour:
- encourager l’éducation et la sensibilisation contre le sexisme,
- construire l’égalitée professionnelle femmes-hommes et lutter contre la précarité,
- soutenir la parentalitée et mettre en place un service public de la petite enfance,
- garantir l’accès aux soins, consolider les droits fondamentaux que sont les droits sexuels -information, contraception, IVG-,
- lutter fermement contre les violences sexistes,
- renforcer la paritée politique et le partage du pouvoir de décision dans toutes les autres sphères.
Nous avons été élu-e-s pour cela!
L’égalitée femmes – hommes doit être réalisée dans tous les domaines et le Parti socialiste devra être aux côtés de la Ministre pour soutenir toutes les initiatives allant dans ce sens.
Le Parti socialiste doit également jouer un rôle d’aiguillon. Nos contacts avec la sociétée civile, le travail effectué pendant plusieurs années autour du projet présidentiel doivent permettre aux socialistes de jouer un rôle de pionnier dans plusieurs domaines.
1. C’est le cas par exemple de la revalorisation des emplois à prédominance féminine, indispensable afin de construire l’égalitée femmes-hommes. En effet, 50% des femmes salariées sont cantonnées dans 15% des métiers (ménages, aides-soignantes, assistantes maternelles, secrétaires) ; des métiers peu valorisés, souvent précaires, à temps partiel subi et donc peu rémunérés. Les expériences étrangères devront être regardées, comme celle du Québec en la matière. Une conférence tripartite doit être organisée pour établir une méthodologie d’évaluation des emplois afin de garantir une rémunération identique pour les emplois à prédominance féminine et à prédominance masculine de valeur comparable, et de contraindre les entreprises à assurer des progressions de carrières pour les emplois à prédominance féminine. Il s’agit d’une innovation qui fait partie des engagements de François Hollande : elle impliquera des évolutions majeures du monde du travail. Nous devrons la mener à terme.
2. Autre exemple, celui du partage des congés parentaux, clé de l’égalitée, au sein des ménages comme dans le monde du travail. Le congé paternitée doit évoluer vers un congé d’accueil de l’enfant, obligatoire, mieux rémunéré et plus long. Le congé parental doit être raccourci et partagé à égalitée par pour chacun des deux parents. Le congé parental devra être mieux pris en compte au moment de la retraite, afin d’inciter les deux parents à prendre ce congé, et de valoriser ces moments consacrés à la sphère personnelle, et à l’éducation des enfants.
3. Le Parti socialiste devra également être un soutien aux politiques engagées par la Ministre des Droits des femmes en participant aux débats publics qu’elles ne manqueront pas de soulever et en convaincant la sociétée toute entière de se mobiliser pour l’égalitée. C’est le cas par exemple pour l’abolition du système prostitueur. La prostitution et son organisation à travers des réseaux mafieux représentent une forme de domination à la jonction de différentes oppressions : des hommes sur les femmes, des riches sur les pauvres, du Nord sur le Sud. Conformément aux propositions votées par les militants lors de la Convention égalitée réelle, nous souhaitons que les parlementaires votent une loi visant l’abolition du système de la prostitution, intégrant la fin de la répression des personnes prostituées instituée par la droite, la prévention par l’éducation, le démantèlement des réseaux, la réinsertion des personnes prostituées, et la responsabilisation du client[5. Je rajoute pas « cliente », vu que cette dernière, si toutefois elle existait, serait forcément déjà responsable.].
Si la situation des femmes et des rapports de genre, dans le parti ou dans la sociétée, n’a plus grand chose à voir avec la situation de nos aîné-e-s aînées, et ce grâce aux mouvements féministes et à la gauche, il reste encore tant à faire pour les droits des femmes. Poursuivre résolument la conquête de l’émancipation des femmes et des hommes dans l’égalitée c’est poursuivre le combat des socialistes en faveur de plus de justice et d’égalitée pour l’ensemble de l’humanitée.
*Photo : busy.pochi
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