L’appel de Christchurch a été lancé, hier, depuis l’Elysée. Neuf pays (dont la France), soutenus par sept autres, s’engagent à « lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent en ligne ». Problème, le communiqué publié par l’Elysée laisse craindre une interprétation plus large de la cible…
Tout humain humaniste a été horrifié par les images, en direct ou en différé, des différents massacres commis au nom d’extrémismes, qu’ils se revendiquent ou soient étiquetés de la gauche, de la droite, de l’islam. D’une façon générale la communication de masse en ligne, sans contrôle juridique ni déontologique peut s’avérer scandaleuse ou criminogène.
L’appel bienvenu de Christchurch
Il se peut de surcroît que cette communication émane des criminels eux-mêmes. C’est un phénomène récent, rendu possible par l’évolution technologique et l’usage commercial qui en est fait. Le prétendu « Etat » islamique en a, le premier, fait un grand usage, diffusant depuis des années maintenant des images ignobles de centaines d’égorgements ou de décapitions d’otages, de chrétiens, de Yazidis, d’assassinats par des enfants radicalisés, et de ventes d’esclaves. Personne alors n’avait officiellement demandé que soient prises les mesures qui s’imposaient.
Mieux vaut tard que jamais : l’appel de Christchurch, lancé depuis l’Élysée, par neuf pays (France, Nouvelle-Zélande, Canada, Irlande, Jordanie, Norvège, Royaume-Uni, Sénégal, Indonésie), soutenus par sept autres (Australie, Allemagne, Inde, Japon, Pays-Bas, Espagne, Suède) a été rendu public le 15 mai.
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Ce texte constate qu’ « Internet peut être détourné par des acteurs terroristes et extrémistes violents », que les Etats et les responsables des sociétés d’internet doivent réagir « pour faire face à ce problème » mais que « toutes les mesures prises […] doivent être conformes aux principes d’un Internet libre, ouvert et sûr, dans le respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, y compris la liberté d’expression ».
L’ennemi désigné est donc le terrorisme et l’extrémisme violent. On ne peut qu’approuver et espérer que ces mesures si tardives soient enfin efficaces.
Les « zones grises » du président Macron
Toutefois la toute fin de l’appel intrigue sinon inquiète car il s’y glisse, subrepticement, une autre intention : « Tenir compte du fait que les gouvernements, les fournisseurs de services en ligne et la société civile peuvent souhaiter prendre d’autres mesures concertées pour faire face à un spectre plus large de contenus en ligne dangereux ; comme celles qui seront discutées plus en détail au cours du Sommet du G7 de Biarritz, dans le cadre du G20, dans le cadre du processus d’Aqaba, lors de la réunion ministérielle des cinq pays et dans plusieurs autres enceintes. » Un « spectre plus large de contenus en ligne dangereux » : de quoi pourrait-il donc s’agir ?
Deux indications pourraient y répondre : le discours prononcé par Emmanuel Macron en marge de l’appel, qui parle pour les dénoncer des « zones grises » et de l’ « extrémisme », sans l’accompagner de son qualificatif habituel de « violent ».
Le communiqué du site officiel de l’Élysée est aussi inquiétant. Alors qu’il parle d’abord de « l’Appel de Christchurch pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent en ligne », il parle ensuite, dans une phrase qui apparaît en gras, d’une « série de mesures concrètes pour éliminer les contenus terroristes et extrémistes en ligne » On remarquera que le mot « violent » associé à l’extrémisme a disparu.
Connaissant la propension d’Emmanuel Macron à qualifier d’extrémiste, nationaliste, populiste, xénophobe, une large partie de la population européenne atteinte de «la lèpre», on veut espérer qu’il ne s’agit que d’un oubli.
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