Ils sont venus, ils sont tous là… Tous ? Oui: tous.
Ils sont, disent-ils, « conscients de [leur] devoir citoyen ». Qui sont-ils, ces « ils » qui ne se distinguent plus individuellement ? Les artistes, bien sûr. Les vrais, les faux, les intermittents, les fils de, les filles de, les rebelles, les belles âmes, les torturés, les célèbres, les maudits, les reconnus, les professionnels de la profession, tous réunis en troupeau et signant d’une même papatte la tribune appelant à voter Macron pour « faire barrage » à Marine le Pen.
Un troupeau bêlant qui vit grâce à nos subsides
Ces artistes sont délicieusement ridicules : alors qu’ils participent régulièrement à l’opération mondiale d’abrutissement médiatique, ils se prennent pour « le monde de la culture ». Ils confondent bien entendu le monde de la culture qui était élitiste et l’empire du culturel qui est destiné à hébéter la masse. Globalement, les œuvres d’art ont été remplacées par des produits culturels à consommer avant la date de péremption, souvent rapide. On vend ces produits dans des émissions culturelles où l’écrivain, le comédien et les critiques parlent la même langue de commerçant. La Grande Librairie télévisuelle et les petites librairies de quartier sont ainsi pleines des mêmes livres écrits et calibrés pour être retenus par le jury d’un des mille cinq cents prix littéraires que compte notre pays.
