Depuis le début de l’année, une question taraude les réseaux sociaux sud-africains : pourquoi les Afrikaners, ces descendants de colons néerlandais, allemands et français, ne sont-ils toujours pas appelés Africains ?
L’Afrique du Sud n’a toujours pas pansé ses blessures héritées de l’Apartheid. Depuis le début de l’année, une question taraude les réseaux sociaux sud-africains : pourquoi les Afrikaners, ces descendants de colons néerlandais, allemands et français, ne sont-ils toujours pas appelés Africains ? Sur Twitter, un dénommé Brian Adams a interpellé l’Alliance démocratique, principal parti d’opposition majoritairement blanc, sur le sujet : « Les Noirs vivant en Europe sont appelés Européens, mais les Blancs qui vivent en Afrique depuis plus de trois cents ans ne peuvent pas être appelés Africains ! » Inversant la rhétorique victimaire, l’internaute a également dénoncé les cas avérés de « white face » lors d’une récente parade à Cap Town : « Pourquoi un Blanc qui se peint en noir est-il raciste, mais pas l’inverse ? » La présidente de l’Alliance démocratique Helen Zille a renchéri en dénonçant « une campagne concertée pour délégitimer et diaboliser les minorités », c’est-à-dire les Blancs. « Arrêtez de mentir, les Noirs vivant en Europe ne sont pas appelés Européens. Ils sont appelés Africains en Europe », a répondu sèchement un internaute africain.
Au pays de Mandela, le moindre tweet réveille le spectre de la guerre civile. Au fil des joutes virtuelles, le débat a clairement pris un tour historico-racial. D’aucuns évoquent l’implantation des Boers dès le xviie siècle dans la région du cap de Bonne-Espérance, ce qui les rendrait aussi africains que les Zoulous. Et l’Apartheid se rappelle au souvenir de tous lorsque certains twittos publient de vieilles photos de pancartes ségrégationnistes, « Réservé aux Européens ». Lynché par ses contradicteurs, Brian Adams a de plus vu son compte suspendu par Twitter qui l’accuse de faire l’« apologie de la haine ».