Accueil Brèves Anvers, la culture sans complexes

Anvers, la culture sans complexes


Impossible de rater le dernier-né des musées anversois : le Museum Aan de Stroom dresse sa silhouette rouge sur dix étages au bord d’un bassin portuaire quasi-désert. Les architectes hollandais ont utilisé du grès rouge indien pour la façade, dont la couleur fait écho à la brique locale des maisons flamandes. Ce musée se revendique original et contemporain dans son approche des collections et des expositions : il ne faut pourtant pas s’attendre à y voir uniquement de l’art moderne ou contemporain. Il s’agit d’un musée ethnologique et anthropologique avant tout, ancré dans l’histoire anversoise…

Les expositions permanentes entretiennent donc toutes un lien avec Anvers, quand elles ne retracent pas tout simplement l’histoire de cette métropole portuaire. Au passage, on n’échappera pas à la mise en valeur du « multiculturalisme » de la ville à travers des photographies de quartiers populaires où toutes les communautés se mélangent. La présentation est assez dynamique et il faut reconnaître un effort dans la scénographie : les œuvres et les objets sont présentés dans des cabinets de curiosités ronds ou sur des murs recouverts de peinture dorée ou de bois. Pour autant, rien de « ludique » dans cette mise en scène, et les enfants risquent de s’ennuyer ferme pendant la visite !

Comme le Musée des Beaux-Arts est actuellement fermé pour rénovation, le MAS a hérité de certains tableaux qu’il expose pour retracer l’histoire de l’art à Anvers depuis le XVIIème siècle. Les maîtres flamands y côtoient ainsi des artistes contemporains comme Jan Fabre. Dans les étages, on peut voir une installation sur le pouvoir et ses attributs où des objets japonais de l’ère Meiji affrontent des masques d’Afrique centrale (échos de la période coloniale belge). La ville d’Anvers reste présente puisque quelques gravures et tableaux rappellent son rôle central en Europe depuis la fin du XVIème siècle. Une dernière exposition montre des objets amérindiens rassemblés par un couple de collectionneurs anversois autour du thème de la mort et de l’au-delà. Attention, certains textes explicatifs sont uniquement en néerlandais, mais le visiteur peut acheter un livret en anglais ou louer une tablette numérique avec la traduction anglaise. Les autres panneaux explicatifs présentent les textes en quatre langues (néerlandais, français, allemand, anglais).

On peut éventuellement clore la visite par un tour sur la terrasse panoramique au dixième étage d’où l’on aperçoit Anvers et son immense port de commerce. Les puristes trouveront sans doute à redire à l’approche grand public prônée par le MAS, les autres apprécieront de visiter ce musée dans une ambiance détendue, pour ne pas dire décomplexée…



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Dans l’empire du capitalisme rouge
Article suivant Le diable aux corps
garde un attachement indéfectible au monde arabe depuis son enfance passée en Irak dans les années 1980 . Elle est spécialiste des langues et des cultures du Moyen-Orient. Depuis quelques années elle mène une vie parallèle dans le monde de l'art en tant que photographe.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération